Ottaviano (N.)

Incarner demain

Pratiques de l’innovation numérique dans les processus de transformation de la ville

Thèse de doctorat en Aménagement et urbanisme, au sein de l’école doctorale ED 395 MCSPP "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent" - Université Paris Ouest Nanterre La Défense, de l’UMR LAVUE CNRS 7218 et du Laboratoire Architecture Anthropologie (LAA). Thèse soutenue le 25 janvier 2017.

25 janvier 2017 / Travaux universitaires

"Le futur a-t-il encore un avenir ? Cette question paradoxale pointe l’incertitude qui s’immisce aujourd’hui dans les représentations de l’avenir. En effet, alors que l’épuisement des ressources est un exemple de futur « déjà écrit », le régime d’historicité moderne (Hartog, 2003) semble actuellement en crise. Cependant, en tant que notion, l’innovation propose une élasticité entre un temps à venir et un temps présent et serait en cela une relation au futur plus souple que n’ont pu l’être les utopies modernes avec leurs poétiques de la tabula-rasa. Reste qu’in novatio - dans la nouveauté – indique aussi une sorte de perpétuel présentisme du nouveau. Nouvel eldorado de l’imaginaire, le numérique est parfois perçu comme la voie vers une ville innovante tout autant désirée que déjà réelle : les « ville numérique », « smart city », « ville 2.0 » ou « ville contributive » laissent entrevoir leurs différentes facettes. Mais comment approcher un tel objet d’étude ?"

"Le choix a été fait ici de procéder de manière inductive à partir d’un travail de terrain ethnographique. Cette recherche doctorale s’attache à la description fine des processus de construction des pratiques et discours de l’innovation numérique qui concernent la transformation de la ville et ce, à différentes échelles : du faire, au sens de son origine grecque poiein, qui est apparenté aux mots poésie et poïétique, jusqu’à la construction de discours et d’organisations structurées en de multiples vecteurs de promotion de ces pratiques. Pour filtrer cet objet d’étude, il a été convenu de travailler en particulier à partir du territoire francilien et dans une période contemporaine resserrée.

Du côté des pratiques, trois terrains d’observation ont étés menés : l’agence Alain Renk + Partners, (depuis 2010) ; l’European Street Design Challenge (durant Futur en Seine, juin 2012) et le workshop Cité BioNumérique (Atelier International du Grand Paris, juillet 2012). Ces trois cas permettent d’observer deux temporalités de conception, deux formats de pratique - workshop pour étudiants et jeunes professionnels et agence / start-up. Ils montrent aussi de deux types de commandes - réelle et fictive. Par ailleurs, dans leurs écarts, ils permettent d’esquisser les contours de ce qui s’apparente à un « écosystème » de l’innovation numérique. L’identification de situations permet de trouver des points d’articulation entre la pratique en train de se faire et le contexte plus général dans lequel cette pratique s’inscrit. La restitution de ces situations s’appuie sur des prises de notes, enregistrements sonores et vidéos retranscrits, photographies sur le vif ainsi que les documents de travail et rendus des différentes personnes observées. L’ensemble des données rassemblées autour de l’objet d’étude qu’est l’innovation numérique appliquée à la ville tenteront de construire une compréhension heuristique de cette notion et de ses effets, aussi la question principale de ce travail peut se résumer : comment, dès aujourd’hui, demain s’incarne-t-il ?"

Voir en ligne : la thèse sur le site de thèse.fr