Philippart (A.)

Les urbanistes

un groupe professionnel en voie de constitution

Thèse soutenue à l’Université de Paris 8, juin 2005.
Diffusion depuis 2007 à l’Atelier National de Reproduction des Thèses.

« Ce travail de recherche a pour objet l’étude de la dynamique de professionnalisation du groupe des urbanistes dans le sens ou un segment de ce groupe cherche à promouvoir auprès des autres membres et des différents acteurs un mode d’organisation proche de celui des professions établies. II s’agit de montrer que les urbanistes possèdent les caractéristiques des groupes qui sont entrés dans une phase de professionnalisation, et de mettre en évidence les modalités de ce phénomène. Une interrogation sur l’emploi des termes de "métier"et de "profession" par les urbanistes est essentielle.

L’analyse historique permet de mettre en évidence les conditions de la naissance de I’activité professionnelle d’urbanisme et de la mise en place d’un système de relations de pouvoir et de concurrence entre les différentes professions de l’urbain. Ainsi, une étape de la professionnalisation des urbanistes est de se séparer des professions plus anciennes et plus prestigieuses, et ceci par divers moyens : la reconnaissance d’un titre, d’une formation, d’une qualification, d’un monopole d’intervention. Le groupe des urbanistes est très hétérogène et peu défini. II va donc se chercher une définition et la diffuser afin de se construire une image valorisée et obtenir une reconnaissance sociale et institutionnelle.
Les associations professionnelles jouent un rôle primordial dans la dynamique de constitution d’une profession. Elles développent leur stratégie en fonction du modèle des professions établies. Elles cherchent, par leurs actions, à se rapprocher de la structure organisationnelle de ces professions.
Par ailleurs, elles constituent un instrument de dialogue avec I’Etat afin d’obtenir son soutien et l’exercice légal de l’activité professionnelle de ses membres.
Si le groupe des urbanistes est entré dans un processus de professionnalisation, il n’est pas en mesure de l’achever. Par conséquent, on peut penser que le modèle des professions établies ne peut, de façon stricte et entière, s’appliquer aux urbanistes. Le mouvement d’organisation des urbanistes serait une manifestation d’un changement, d’une évolution et d’un développement d’un domaine agissant sur la société - l’urbanisme - et donc d’une "place à prendre". Au regard de ces différents éléments, on peut considérer que les urbanistes appartiennent à une catégorie de métiers que l’on pourrait qualifier d’"émergents". Ces nouveaux métiers répondent à de nouveaux besoins. Par conséquent, des luttes de pouvoir se mettent en place pour obtenir les marchés. Les professionnels qui investissent ces nouveaux domaines doivent "créer de la confiance" vis-à-vis des différents publics, ce qui explique les mouvements d’organisation de groupes professionnels. »