On est frappé, d’emblée, par le succès spectaculaire du transport routier de marchandises, dans toute l’Europe, qui a su accompagner efficacement la croissance comme la restructuration des systèmes de production et de distribution, et contradictoirement par la structure atomistique de la branche, dominée par de petites et, souvent, par de très petites entreprises. Est-ce un signe d’archaïsme, sous l’angle technique, organisationnel ou social ? ou au contraire un gage d’innovation et de souplesse ? Assiste-t-on à une "croissance sans développement" du transport routier de marchandises, au sens où l’augmentation de l’activité ne s’accompagnerait pas de la rentabilité des entreprises, leur assurant les possibilités d’investir sans lesquelles il n’est ni véritable modernisation ni stratégie ? Ou bien cette croissance n’est-elle pas plutôt maîtrisée de l’extérieur, par les clients de la branche du transport, les principaux chargeurs qui peuvent jouer efficacement de la concurrence exacerbée entre prestataires, ou par les intermédiaires, les grands commissionnaires de transport qui organisent les chaînes et les réseaux, en contrôlent la commercialisation, en détiennent directement les maillons stratégiques mais en externalisent les segments les plus banals ?