Berry-Chikhaoui (I.), Medina (L.)

« Justice pour le Petit Bard »

Contester la rénovation et imposer la participation

Métropolitiques, 9 avril 2018.

9 avril 2018 / Articles scientifiques

"Souvent conçue sans les habitants, la rénovation urbaine n’a suscité que de faibles résistances locales. Dans le quartier précarisé du Petit Bard à Montpellier, une intense contestation a cependant conduit à infléchir le projet et à alimenter des formes de mobilisation locales. "

"Depuis son lancement en 2003, le Programme national de rénovation urbaine (PNRU) fait l’objet d’inquiétudes et de critiques, exposées dans différents travaux de recherche et rapports officiels. Parmi celles-ci figure en bonne place la question du déficit de participation des habitants. [...]

Au-delà du flou réglementaire, du calendrier serré et de la gestion managériale du programme entretenant « un régime de concurrence entre les collectivités » (Epstein 2006, p. 11), la mise en œuvre de la concertation dans le PNRU repose sur une ambiguïté de fond : sur quoi faire participer les habitants, alors que les principaux objectifs sont fixés en amont par la loi (démolition–reconstruction, mixité sociale et diversification de l’habitat sur site) et présentés comme la solution incontestable pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers populaires ? [...] Plutôt qu’à l’association réelle des habitants à la conception et à la prise de décision (Bacqué et Gauthier 2011), ces dispositifs [de concertation] s’apparentent davantage à des instruments de « mise en acceptation » visant à obtenir le consentement des habitants (Noyer et Raoul 2008) à « une politique qui prétend améliorer leur situation, mais qui a été définie sans eux et qu’ils risqueraient de percevoir – parfois non sans raison – comme tournée contre eux » (Epstein 2012, p. 93).

Ce constat vaut aussi pour le projet de rénovation urbaine lancé fin 2005 dans le quartier du Petit Bard à Montpellier, l’un des plus pauvres de l’agglomération (Berry-Chikhaoui et Medina 2010, 2014). Dans cette copropriété dégradée très majoritairement peuplée d’immigrés et de descendants d’immigrés – une population souvent considérée comme en faible capacité politique et peu encline à l’organisation associative (Gaxie 1978 ; Collovald et Mathieu 2009) –, les habitants ne sont pourtant pas restés sans voix. Ils ont imposé leur participation à travers des résistances et une lutte collective qui se sont renforcées tout au long de la rénovation urbaine."

Plan de l’article

La rénovation au Petit Bard, une illusion participative

Comment la participation s’invite dans le projet

Le Petit Bard, lieu de politisation et de transmission de savoir-faire militants ?

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