Kourniati (M.)

Des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne à Team 10

Une autre génération intellectuelle

Thèse de doctorat de l’Université Paris Sciences et Lettres en Histoire, effectuée au sein de École des hautes études en sciences sociales au sein de l’École doctorale de l’École des hautes études en sciences sociales sous la direction de Christian Topalov. Thèse soutenue le 17 décembre 2018.

17 décembre 2018 / Travaux universitaires

"Cette thèse a l’ambition d’apporter un nouvel éclairage sur un chapitre largement débattu de l’histoire de l’architecture du XXe siècle, constitué par la dissolution des CIAM et l’émergence de Team 10. En se situant dans la perspective d’une sociohistoire de l’architecture, elle s’appuie sur le constat suivant : les rapports sociaux entre les acteurs sont inséparables de leurs propos et de leurs actes et doivent être pris en compte pour comprendre les façons d’agir de ces acteurs dans le champ de l’architecture. Ainsi, plutôt que de mettre en avant les doctrines ou les projets, nous suivons les personnes dans leurs actions, prenant en compte leurs rapports mutuels, ceux qu’ils entretiennent avec les institutions et, dans la mesure du possible, avec le monde extérieur."

"En s’appuyant sur les archives – correspondance, réunions, résolutions- cette thèse analyse d’abord les CIAM en tant qu’organisation créée en parallèle des assemblées éphémères que constituent les congrès, et dont la structure et le mode de fonctionnement sont à la fois un enjeu et une condition du déroulement de l’action. Au sein de cette organisation, Team 10 se forme comme la nouvelle génération ayant la mission impossible d’assurer la continuité de l’organisation mais aussi le renouvellement du mouvement. Loin du sens biologique, il s’agit d’élucider la construction sociale de Team 10 en tant que « jeune génération » mais aussi en tant que « créateurs », « héritiers » et « avant-garde » à la fois. En se focalisant sur des documents graphiques (grilles), des textes mais aussi des écrits médiateurs, cette thèse observe, dans une seconde étape, les discours, les représentations et les ressources mobilisées par les acteurs inscrits dans les divers contextes nationaux. Enfin, au-delà d’une analyse de contenu, il s’agit de transformer les deux écrits - Doorn Manifesto et Team 10 Primer- en documents qui informent, par leurs énoncés, mais aussi par leur mise en forme, sur la formation puis sur la réinvention de Team 10, au moment du passage d’un champ d’action à un autre, des CIAM aux Team 10 Meetings. En assumant la tâche de ne pas faire comme avant, ces architectes qui diffèrent entre eux, comme se distinguent leurs situations professionnelles et les ressources dont ils disposent, construisent intellectuellement un système de différences avec l’environnement et avec, bien entendu, les Maîtres ; c’est d’abord par rapport à eux, à l’architecte moderne, que Team 10 cherche à se distinguer et à produire de l’alternative. Structure verrouillée et riche en contradictions par ses ambitions à former à la fois une organisation internationale, une avant-garde, et un mouvement réformateur pour s’imposer sur le marché de la profession, les CIAM génèrent leur propre dissolution. Celle-ci renforce le récit de la naissance d’une nouvelle avant-garde, d’autant plus qu’au bout de ce chemin, cette nouvelle élite d’héritiers n’a plus besoin des CIAM pour s’affirmer. Cette thèse établit des corrélations entre la formation de Team 10 et la dissolution des CIAM moins sur le plan de leurs doctrines et des conflits entre leurs membres, que sur celui de leur forme spécifique d’organisation et de gouvernance. Plus globalement, l’enjeu de cette recherche est de comprendre les propositions théoriques et formelles des architectes à partir de l’analyse de leurs pratiques (organisation sociale, institutionnelle, professionnelle) et de contribuer à construire une interprétation sociohistorique des formes mêmes de l’architecture. En outre, l’étude historiographique relève les usages que nous faisons aujourd’hui de Team 10, alors qu’une timeline (1988-2018) invite à réfléchir sur les rapports entre les constructions intellectuelles et les destructions matérielles, concernant les architectures de l’après-guerre."

Accéder au résumé de la thèse sur le site thèses.fr