Dacheux-Auzière (B.)

Quelles modalités d’écologisation de la pratique des paysagistes- concepteurs ?

L’exemple des projets de parcs publics de ces 4 dernières décennies. Le cas de 5 parcs marseillais

Thèse de doctorat de l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement (AgroParisTech) en Sciences de l’Homme et Société / Architecture, aménagement de l’espace effectuée à l’École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement et santé (ABIES), Laboratoire de Recherche de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage (LAREP) sous la direction scientifique d’Yves Petit-Berghem. Thèse soutenue le 16 novembre 2018.

16 novembre 2018 / Travaux universitaires

"Dans un contexte très urbanisé avec une part croissante de la population vivant en ville, le milieu urbain, parce qu’il recèle une multitude d’espaces à caractère de nature, aux natures bien différentes, est devenu un thème de recherche privilégié. Parmi les professions concourant à améliorer le cadre de vie urbain, les paysagistes-concepteurs, par leurs missions les invitant généralement à mobiliser du matériau végétal, sont des acteurs théoriquement en capacité de traduire, par le projet, des injonctions écologiques et/ou environnementales (biodiversité, gestion des eaux, etc.)."

"Les parcs urbains en général et plus particulièrement ceux de Marseille constituent alors un objet d’étude intéressant pour s’interroger aux modalités d’écologisation des pratiques paysagistes, et cela depuis qu’une politique environnementale a émergé (années 1970).Cette thèse s’appuie sur une triple analyse fondée à la fois sur des discours de paysagistes français, puis de gestionnaires des services des espaces verts, et enfin sur des relevés de structures végétales dans 5 parcs publics marseillais. En définitive, il apparaît, qu’outre Gilles Clément – figure paysagiste marquante – dont les fondements naturalistes sont connus mais nécessitent d’être discutés, l’écologisation de la pratique de ces professionnels reste timide et intègre encore trop peu le fonctionnement de ces écosystèmes urbains. Si cet aspect tend à changer depuis moins d’une dizaine d’années, il n’en revient pas moins que ce sont davantage les gestionnaires des services des espaces verts, pour partie inscrits dans une gestion écologique (part de la gestion différenciée) de leurs parcs et jardins, qui participent à faire évoluer les structures végétales tant dans leur composition que dans leur physionomie. Mais, force est de constater qu’il manque aujourd’hui l’expression d’un paysagisme capable d’intégrer, au-delà de l’échelle du parc, ces mêmes enjeux, relevant autant de l’urbanisme que de l’écologie. Aussi, l’écologisation de cette profession semble manquer des outils et des méthodes relevant de ces deux disciplines."

SOMMAIRE

Introduction

  • Montée en puissance de l’écologie du paysage urbain et de la préservation du vivant chez les responsables politiques
  • Des acteurs de la fabrique urbaine encore peu évalués au regard de la préservation du vivant
  • Questionner la pratique des paysagistes-concepteurs au prisme du concept d’écologisation
  • Méthodologie générale et canevas de la thèse
  • Positionnement scientifique de la recherche

Partie 1. Écologisation de la pratique des paysagistes : retour sur 50 ans de réalisation de parcs publics

  • Chapitre 1. Matériel et méthode : la littérature professionnelle comme base théorique
    • Un corpus hétéroclite majoritairement issu d’une littérature grise : la presse professionnelle
    • Des écrits illustrant l’évolution pratique et théorique d’une profession
    • Les limites de l’interprétation
    • Critères discriminants, présélection et sélection définitive des articles
    • Le choix d’une analyse thématique
  • Chapitre 2. Les effets du renouveau d’une profession : une écologisation émergente et inconsciente (1970-1990)
    • Des contextes encore peu favorables à l’émergence de pratiques paysagistes écologiques dans la conception des parcs
    • Des contextes ayant des conséquences sur les projets de conception
    • Des initiatives de plantation montrant les signes d’une écologisation inconsciente et d’un requestionnement des pratiques horticoles
    • Le recours à des équipes pluridisciplinaires : l’expertise forestière
    • Un autre type de commande impliquant des creations ex materia : quelques nuances
  • Chapitre 3. Les effets de la gestion différenciée et du concept du jardin en mouvement sur les paysagistes : une écologisation en cours de conscientisation
    • Des contextes scientifiques et militantistes favorables à l’émergence de pratiques paysagistes écologiques
    • La gestion différenciée et l’impulsion de nouvelles pratiques de conception
    • Des commandes de reconversion de friches urbaines en parc : la recherche de nouveauté
    • Le lien entre deux concepts : jardins en mouvement & gestion différenciée
    • L’appropriation et la reformulation du concept du jardin en mouvement chez les paysagistes
    • Des créations ayant pour ambition de mettre en scène la dynamique de la végétation
    • Le recours à des expertises singulières : l’exemple de la phytosociologie
  • Chapitre 4. Les effets du développement durable : une écologisation de la pratique des paysagistes encouragée ou forcee par les labels
    • Des contextes propices à l’intégration de la biodiversité
    • Des commandes de parcs humides soumises à des chartes environnementales
    • Les mises en scène du vivant et la mise en pratique d’une écologie technique dans les parcs humides
    • Des projets encourageant les citadins à avoir un rapport sensible au vivant
  • Chapitre 5. Une écologisation de la pratique des paysagistes encore timide
    • Une logique de fonctionnalité des écosystèmes encore difficile à acquérir
    • Des procédures de marché public intégrant difficilement la gestion
  • Chapitre 6. Discussion
    • L’évolution des considérations écologiques chez les paysagistes européens et outres atlantiques

Partie 2. Démarche et compétences des paysagistes : identification du niveau d’écologisation de leurs pratiques

  • Chapitre 1. Matériels et méthode : une enquête de terrain aupres des paysagistes-concepteurs
    • Le choix des mots : les définitions et leurs usages dans cette recherche
    • Choix du terrain d’étude et des enquêtés
    • L’enquête par entretien
  • Chapitre 2. Acquisition et interprétation des connaissances (éco)biotechniques chez les paysagistes- concepteurs : l’école de pensée versaillaise
    • L’excursion géobotanique comme facteur d’appréhension de la complexité du vivant non humain
    • Le triptyque des grands dispositifs spatiaux : l’espace découvert, couvert et la lisière comme facteur de répartition des êtres vivants humains et non humains
    • Le jardinage comme facteur d’appréhension des changements
  • Chapitre 3. Démarche et stratégie de plantation des paysagistes-concepteurs : un savoir-faire de créateur
    • L’analyse d’un faisceau de données : observer et comprendre avant de décider
    • L’affirmation de partis pris de projet : décider avant d’aménager l’espace
    • Une réponse spatiale végétale : aménager l’espace pour les autres
  • Chapitre 4. Les différentes postures des paysagistes-concepteurs face a la mise en œuvre du vivant humain et non humain dans les parcs publics
    • La posture horticole
    • La posture formaliste
    • La posture vernaculaire
    • La posture naturaliste
  • Chapitre 5. Discussion : la figure d’un paysagisme d’aménagement a (re)découvrir devant les grandes planifications écologiques a venir
    • Le paysagisme d’aménagement face aux enjeux environnementaux et urbanistiques des années 1970 : le cas du CNERP
    • Une des commandes faite au CNERP : l’étude du plateau de Valbonne / technopole de Sophia Antipolis
    • Une logique aménagiste re-convoquée par les grandes planifications écologiques a venir

Partie 3. Évolution des structures végétales dans 5 parcs marseillais : retour sur leur conception et leur gestion

  • Chapitre 1. Matériel et méthode : lecture et interprétation de l’évolution des structures végétales
    • Choix et justification des 5 parcs retenus
    • Diachronie de la physionomie de la végétation des parcs retenus
    • La collection de cartes
    • Les autres documents graphiques
    • Entretiens complémentaires auprès des gestionnaires et des paysagistes à l’œuvre dans les 5 parcs retenus
    • L’analyse globale des données
  • Chapitre 2. Contextualisation des parcs publics marseillais : leur origine contemporaine
    • L’émergence d’un service des espaces verts : une planification des parcs et jardins publics (1970-1995)
    • Le service des espaces verts d’aujourd’hui : des gestionnaires inscrits dans la gestion durable des espaces verts urbains (1995-2018)
    • Héritage des parcs marseillais
    • Une végétation de parc caractérisée de composite
  • Chapitre 3. Caractérisation de paysages en evolution : cinq cas d’étude de parcs urbains marseillais
    • Le parc balnéaire du Prado
    • Le parc de l’Oasis
    • Le parc du 26ème centenaire
    • Le parc de la Moline
    • Le parc de la Fourragère
    • Synthèse et analyse croisée de l’ensemble des cas d’étude : écologisation et méditerranéisation des parcs

Lire l’intégralité de la thèse sur le site Hal Archives ouvertes