Bouysse-Mesnage (S.)

Comment les femmes sont entrées à l’Ordre des Architectes

Portrait des premières inscrites à l’Ordre régional de la Circonscription de Paris

Numéro 35 des Livraisons d’histoire de l’architecture "Femmes, architecture et paysage", pages 71 à 85, premier semestre 2018.

1er janvier 2018 / Articles scientifiques

"L’Ordre des architectes, créé en 1940, n’accueille encore aujourd’hui que 28 % de femmes parmi ses inscrits. Pourtant, l’analyse des tableaux de l’Ordre régional de la circonscription de Paris (CdP), révèle que les femmes intègrent cette institution dès sa création et qu’elles forment un groupe constitué dès 1942-1943.
La première décennie d’existence de l’ordre régional de la CdP, cadre temporel et spatial de cet article, voit l’augmentation de la population des inscrites, mouvement que l’on peut également observer d’une manière générale, pour l’ensemble des inscrits, à l’échelle de la France. Que l’inscription à l’Ordre ait représenté ou non un sésame permettant aux femmes d’accéder à une carrière dans la maîtrise d’œuvre, les premières figures de femmes architectes qui parviennent à exercer en libéral sans associé, apparaissent au début des années 1950, à l’instar de Marion Tournon-Branly.
Comme le requiert l’Ordre en 1940, la majorité des femmes inscrites au cours de cette période, possède un diplôme français d’architecte délivré par l’une des écoles agréées. La possession de la nationalité française étant un autre critère d’inscription, plusieurs femmes étrangères n’ont pas eu la possibilité de prêter serment et de s’inscrire au tableau ordinal.
Cet article constitue une première étape dans l’écriture d’une histoire genrée de l’Ordre des architectes. Il permet, d’ores et déjà, de comprendre la manière dont s’est définie la position des femmes au sein de l’institution, dans ses premières années d’existence et d’analyser le procédé par lequel l’Ordre a influencé leurs trajectoires professionnelles, aux côtés d’autres facteurs sociaux, culturels et économiques."

"En 2016, les femmes représentent 28 % des inscrits à l’Ordre des architectes à l’échelle nationale : elles demeurent donc globalement minoritaires au sein de cette institution. Ce faible pourcentage de femmes interroge : pourquoi les femmes n’occupent-elles pas la même place que les hommes, quelques 77 ans après la création de cet ordre professionnel ? Cette situation questionne à double titre lorsque l’on rappelle la présence croissante des femmes dans les écoles d’architecture depuis la fin du XIXe siècle, présence que les études statistiques développées depuis le début des années 1980 précisent : les femmes représentaient 29,2 % des diplômés « DPLG » (diplômés par le gouvernement) en 1983‑84, 46 % de cette population en 1999-2000, et 55 % des diplômés « ADE » (architectes diplômés d’État) en 2009. Ajoutons enfin à ce « tableau » introductif que les femmes sont présentes en plus grand nombre dans d’autres professions libérales, telles les avocats et les médecins, professions qui ont engagé leur processus de féminisation trois décennies plus tôt que les architectes. [...]"

PLAN DE L’ARTICLE

  • Introduction
  • Les sociétés professionnelles et l’Ordre des architectes
  • Au commencement de l’Ordre, était un groupe de femmes praticiennes de l’architecture
  • Des femmes au sein de l’institution de l’Ordre
  • Une population de femmes diplômées
  • Une présence importante des femmes étrangères
  • Une entrée difficile des femmes à l’Ordre des architectes

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