Dris (Y.)

L’exercice de la programmation architecturale et urbaine au prisme de la participation citoyenne : quelles évolutions professionnelles ?

Thèse de doctorat en Architecture, Urbanisme et Environnement effectuée à l’École doctorale Abbé Grégoire au sein du Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement (Unité Mixte de Recherche-Lavue) et de l’ENSA Paris-La Villette sous la direction de Jodelle Zetlaoui-Léger. Thèse soutenue le 8 décembre 2020.

8 décembre 2020 / Travaux universitaires

"À la croisée de la sociologie de l’architecture, des études urbaines et de la sociologie des groupes professionnels, cette recherche s’inscrit dans la lignée de travaux qui interrogent les transformations des métiers du cadre bâti et aménagé en France. Elle explore les évolutions de l’exercice de la programmation architecturale et urbaine au prisme de l’impératif participatif. Pour saisir ces changements, deux approches ont été mobilisées : une enquête quantitative menée à l’échelle nationale auprès des professionnels de la programmation ; une approche plus qualitative qui combine recueil d’entretiens, observation d’espaces de socialisation professionnelle, analyse d’archives et analyse d’un projet urbain (parc Chapelle Charbon à Paris).
La mise en lumière des principaux changements qu’a connus ce groupe au cours des dernières décennies éclaire sur les facteurs à l’origine du positionnement des professionnels concernant la place des habitants dans les projets et sur ses évolutions. La thèse montre ainsi des pratiques et des représentations différenciées des professionnels de la programmation vis-à-vis de la participation citoyenne qui traduisent plus fondamentalement des approches et des modalités d’exercice variées de leur activité.
Elle contribue également à la compréhension des dynamiques et clivages internes à ce milieu, entre des professionnels de la programmation architecturale – dont l’activité s’était structurée dans les années 1990 autour de la loi sur la Maîtrise d’Ouvrage Publique –, et ceux qui exercent à l’échelle urbaine – dont la quête de reconnaissance cherche à s’appuyer sur d’autres fondements."

" Cette thèse s’inscrit dans une lignée de travaux qui interrogent, depuis la fin des années 1990, l’évolution des métiers du cadre bâti et aménage [2]. Elle s’intéresse plus précisément aux transformations des pratiques de la programmation architecturale et urbaine en France [3], dans un contexte politique et réglementaire marque par un « impératif participatif ». Cette expression proposée par Loïc Blondiaux et Yves Sintomer (2002) vient qualifier un ensemble d’injonctions qui se multiplient depuis vingt ans pour faire de la participation des citoyens à l’élaboration des décisions un principe incontournable de l’action publique. La crise des formes traditionnelles de représentation politique et l’importance prise par les problématiques de développement durable ont intensifié ces injonctions, mais aussi l’émergence de toutes sortes d’initiatives citoyennes allant dans ce sens. Le champ de la production et de la transformation de l’espace est particulièrement concerné par ce tournant annonçant, pour certains observateurs, l’avènement d’un « nouvel esprit de la ville » (Pattaroni 2011) [...]"

[2] Travaux notamment suscités ou valorisés par le réseau RAMAU (Réseau Activités et Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme).
[3] Cette thèse a été engagée en 2014. À l’issue de ma formation initiale en école d’architecture, je m’étais posé de nombreuses questions notamment sur la place des habitants dans le processus de fabrication urbaine. Je me suis alors orientée vers une formation complémentaire en urbanisme pour chercher des réponses à ces interrogations. Durant mon cursus à l’Institut d’Urbanisme de Paris, j’ai pris connaissance de travaux sur la "programmation générative" (Cf. chapitre I). Ayant suivi le parcours de spécialisation proposé par l’IUP et par l’École d’Architecture de Paris Malaquais en Programmation Architecturale et Urbaine, j’ai été, à l’occasion d’un stage, confrontée aux différentes pratiques et représentations des professionnels de l’aménagement et de la construction vis-à-vis de la participation citoyenne. Les réflexions qu’elles ont suscitées se sont transformées en un projet de recherche dans le cadre du Post-Master Recherches en Architecture réalisé en immersion au sein du Laboratoire Espaces Travail.

PLAN DE LA THESE

Introduction

  • La participation citoyenne dans la recherche architecturale et urbaine : un sujet devenu prolifique
  • Problématique de la recherche
  • Appréhender les praticiens de la programmation comme un « groupe professionnel Un terrain flou et en mutation : mise en place d’une stratégie de recherche
  • La structure de la thèse

Première partie : Saisir le groupe des professionnels de la programmation

  • Chapitre 1 : De l’autonomisation de l’activité de programmation à la structuration d’un groupe professionnel
  • Chapitre 2 : Sociographie des professionnels de la programmation : un milieu hétérogène

Deuxième partie : Pratiques et représentations professionnelles à l’épreuve de l’impératif participatif

  • Chapitre 3 : La participation citoyenne dans les démarches de programmation : un panorama des pratiques et des représentations professionnelles
  • Chapitre 4 : La participation citoyenne comme révélateur des clivages internes au groupe ?

Troisième partie : Conditions et logiques de structuration de la programmation face à l’impératif participatif

  • Chapitre 5 : Renouvellement des modalités de participation citoyenne et nouveaux acteurs dans la programmation des projets. Le cas du parc Chapelle Charbon à Paris
  • Chapitre 6 : La participation citoyenne : un levier de structuration pour la programmation urbaine ?

Conclusion générale

  • Un univers professionnel en mouvement
  • L’impératif participatif révèle-t-il des dynamiques internes à ce groupe ?
  • Vers la singularisation de la programmation urbaine ?
  • Limites et perspectives associées à cette recherche

Lire l’intégralité de la thèse sur le site Tel archives ouvertes