Tournikiotis (P.)

Les architectes du Mataroa

Contribution pP. 59-72 de l’ouvrage "Mataroa 1945 : du mythe à l’histoire" dirigé par Servanne Jollivet et Nicolas Manitakis aux éditions de l’École française d’Athènes, collection Mondes méditerranéens et balkaniques, parution 2020.

1er octobre 2020 / Articles scientifiques

"Une vingtaine d’architectes et futurs architectes grecs sont partis en France à bord d’un bateau pour étudier ou poursuivre leur formation. Ils ne constituaient pas un groupe homogène de par leur âge, leurs objectifs et leur sensibilité politique. Certains se précipitèrent à travailler chez Le Corbusier, d’autres ont étudié l’urbanisme et les plus jeunes l’architecture à l’École des beaux-arts. Bon nombre d’entre eux s’illustrèrent dans le courant de l’après-guerre en France ou en Grèce contribuant à changer le cours des choses dans leur domaine. L’initiative du gouvernement français dans une période cruciale de redémarrage après les années de la guerre a porté des fruits qui profitèrent aux deux pays, délivrant dynamisme et créativité dans le monde entier."

"En 1945, année difficile pour l’Europe comme pour la Grèce, le gouvernement français attribua des bourses à des Grecs pour qu’ils étudient ou poursuivent leur formation en France. Ceux qui furent choisis voyagèrent vers Paris à bord d’un bateau, ou d’un second bateau, puis en train et peut-être, dans quelques cas isolés, en avion. Personne ne savait encore si la guerre civile aurait lieu, en Grèce, quelle serait son ampleur, quelles seraient l’Europe et la Grèce des années 1960 et 1970. Bien des Grecs ayant fait le voyage en décembre 1945 ne devinrent pas célèbres pour leur œuvre ou leur activité et nous ne savons même pratiquement rien de certains des passagers. Mais bon nombre d’entre eux s’illustrèrent en France, en Grèce et dans le monde entier, leur œuvre contribuant, ne serait-ce que modestement, à changer le cours des choses dans le domaine de la pensée, des lettres, des arts ou des sciences. Des années plus tard, après la fin de la dictature des colonels, lorsque les derniers passagers qui hésitaient encore jusqu’alors furent rentrés, un mythe vit le jour − celui d’une génération ayant voyagé sur un navire tout aussi mythique et quelque peu exotique, le Mataroa, vers un monde de création et de renaissance des idées. Ce mythe continue de planer autour de nous, tel qu’il fut restitué à travers des livres et des expositions dont la forte dimension narrative s’appuie sur des souvenirs et des sentiments. Soixante-dix ans se sont cependant écoulés depuis le voyage du Mataroa et l’heure est venue de donner à ce récit une dimension critique et historique, qui enrichira de documents et d’approches interprétatives les témoignages existants. [...]"

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