Federica Gatta, Cécile Léonardi, Pierre-Olivier Garcia, Anne D’Orazio, Théa Manola, Josselin Tallec, Silvère Tribout, Nicolas Bataille / Bataille (N.), D’Orazio (A.), Garcia (P.-O.), Gatta (F.), Léonardi (C.), Manola (T.), Tallec (J.), Tribout (S.)

De nouvelles formes de partenariat public-privé ?

Un appel à projet innovant à Grenoble

Revue en ligne Metropolitiques, le 2 février 2023.

2 février 2023 / Articles scientifiques

"Face à l’austérité budgétaire, la Ville de Grenoble se donne un nouveau rôle de maîtrise d’ouvrage publique en recourant aux APUI. À la fois garante, propriétaire et facilitatrice, elle réinvente l’usage d’un foncier sous-exploité tout en préservant l’intérêt général."

"Les appels à projets urbains innovants (APUI) ont suscité beaucoup de débats entre 2016 et 2019. Pour rappel, ces dispositifs consistent à « adapter les modalités publiques de cession foncière à des enjeux d’innovation. Les sites sont mis à concours [par une collectivité], accompagnés d’un ensemble de “conditions particulières” [...] exprimant des attentes en matière d’innovation – constructives, techniques, mais aussi en matière d’usages. La définition des programmes est ainsi, au moins partiellement, transférée aux groupements candidats » (Gomes 2020, p. 5). Plusieurs caractéristiques des APUI ont été discutées, à commencer par l’attention accordée à la notion d’innovation comme moteur des appels. Ceux-ci ont été considérés comme une impulsion adressée aux pratiques de l’immobilier privé, incitant les promoteurs à s’associer à de nouveaux acteurs afin que ce compagnonnage défriche de nouveaux usages (Guelton 2018 ; Landau 2019). Les APUI ont par ailleurs renouvelé le débat sur la relation entre public et privé. Certain·e·s chercheur·e·s ont vu là une continuité et un renforcement du rôle donné aux promoteurs dans la production de la ville (Orillard 2018 ; Guelton 2018). D’autres ont davantage associé les APUI à un retrait du public dans la programmation urbaine (Meunier et al. 2018) et par extension dans la définition de l’intérêt général (Josso et al. 2018). Les APUI les plus visibles ayant été lancés par la Ville de Paris et la Métropole du Grand Paris, les analyses et les débats qu’ils ont suscités se sont souvent concentrés sur le contexte parisien. C’est un APUI plus discret, lancé en 2017 par la Ville de Grenoble, que nous avons choisi d’étudier dans le cadre du projet GrinnUrb [1]. Contrairement à la plupart, celui-là tire son originalité du fait de n’avoir retenu aucun promoteur parmi ses lauréats. Ce cas d’étude va ici nous permettre de décrire la manière dont un APUI, initié sur fond d’austérité budgétaire, a amené une collectivité à céder à d’autres acteurs privés la programmation de son patrimoine immobilier, tout en collaborant avec eux au développement des projets envisagés."

PLAN DE L’ARTICLE

  • L’APUI Gren’ de projets
  • Trois catégories de projets
  • Un nouveau rôle de la maîtrise d’ouvrage publique ?

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[1] GrinnUrb a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence nationale de la recherche au titre du programme « Investissements d’avenir » (IDEX-UGA). Basée sur une enquête ethnographique, la recherche a duré deux ans et a été menée par une équipe de chercheurs des laboratoires PACTE (Federica Gatta (coord.), Pierre-Olivier Garcia, Josselin Tallec, Silvère Tribout), AAU (Théa Manola) et LAVUE (Anne D’Orazio) et deux post-doctorants (Nicolas Bataille et Cécile Léonardi). Ces derniers ont mené le terrain en première ligne et collecté les données sur lesquels se base cet article. GrinnUrb est poursuivi par la recherche internationale CARE (ANR-22-CE55-00XX, F. Gatta coord.).