Riahi (L.)

Usage des mondes virtuels en architecture

Potentiel, conditions et limites - Exemple de Second Life

Thèse de doctorat réalisée au laboratoire InsARTis- ENSA-Marseille, ED 355 « Espaces Cultures Sociétés » sous la direction de Hanrot (S.) et Zoller (J.)

23 mai 2012 / Travaux universitaires

Cette thèse explore les possibilités d’utilisation des mondes virtuels en ligne en architecture. Elle revient, dans un premier temps, sur l’état de l’art de la recherche s’intéressant aux mondes virtuels, ses outils et ses méthodes et sur le détournement à des fins architecturales de ces médias. Ensuite, elle traite l’exemple particulier de Second Life (SL) par une approche à la fois exploratoire et expérimentale.

La phase exploratoire permet de dégager des modèles conceptuels d’utilisation de ce metavers dans la pratique, l’enseignement et la recherche en architecture. La phase expérimentale met à l’épreuve ses modèles pour en déterminer les potentialités, les limites et les conditions de validité à la fois d’un point de vue technique (outils de modélisation, plate-forme de collaboration) et théorique (transposition réel/virtuel).

Trois cadres expérimentaux permettent d’effectuer les investigations :
 ENSA-M Virtuelle : modélisation du bâtiment de l’ENSA-Marseille dans SL et mise à l’épreuve. Cette expérimentation a permis de tester les outils de construction
disponibles dans SL en comparaison avec les systèmes d’aide à la modélisation
utilisés par les architectes ; et dans un deuxième temps, de comparer l’espace virtuel
perçu dans SL à l’espace réel vécu et ainsi procéder à un « étalonnage » du virtuel par
rapport au réel. Cet étalonnage a révélé des règles heuristiques pour la modélisation
architecturale dans le monde virtuel.
 Le projet de recherche BIMBY (Build In My Back Yard) a constitué un cadre
d’expérimentation plus complexe et à plus grande échelle. BIMBY est un projet de
recherche financé par l’ANR qui s’intéresse à la redensification des tissus
pavillonnaires péri-urbain. L’ENSA-M y intervient (au côté d’autres équipes) pour
proposer des stratégies de densification et les simuler dans le monde virtuel. Sur la
base des résultats obtenus lors de la première expérimentation, notre investigation
s’est poursuivie ici par élargissement de l’échelle de simulation, l’ajout d’une
dimension interactive au modèle SL et l’augmentation du nombre d’intervenants.
L’usage de SL comme lieu de présentation des projets architecturaux de manière
immersive et interactive a été examiné ainsi que la capacité du metavers à jouer le rôle
d’une plate-forme de collaboration à distance. Cette dernière hypothèse n’a pas pu être vérifiée, ce qui a amené à la mise en place de l’expérimentation suivante.
 Pédagogie : Option Projet et Environnement Virtuel. Le cadre pédagogique a permis d’étudier la co-conception à distance dans un environnement où les conditions
techniques sont plus faciles à maîtriser et où les participants sont assistés dans leurs
premiers pas dans le monde virtuel. L’option nous a donné l’occasion de considérer
l’acceptabilité et l’efficience de SL comme lieu de conception et de présentation des
projets architecturaux et d’observer la collaboration à distance entre étudiants.

Cette recherche se conclut par un bilan des trois expérimentations. Il dresse les avantages, les inconvénients et les limites de l’emploi maîtrisé d’un tel environnement dans la pratique, l’enseignement et la recherche en architecture et défini les conditions à satisfaire pour utiliser SL comme lieu d’expérimentation, de conception, de modélisation et de collaboration architecturales. Ce travail esquisse, entre autres perspectives, les grandes lignes d’un cahier des charges pour un éventuel monde virtuel dédié à l’architecture.