Béringuier (P.), Bonin (S.), Dérioz (P.), Toublanc (M.)

Des franges du projet urbain au projet de frange urbaine

La lisière comme nouvelle figure paysagère ?

Article dans le dossier thématique "Paysages des franges urbaines en projet", revue Projets de paysage N°13, publié le 19 janvier 2016.

19 janvier 2016 / Articles scientifiques

"À partir d’une analyse croisée d’un corpus de documents d’urbanisme élaborés à différents échelons, de discours de concepteurs urbanistes et paysagistes développant l’idée de créer des lisières urbaines, et d’enquêtes de terrain dans trois régions françaises, cet article explore la prise en compte et les différents sens donnés à la zone de contact entre l’espace urbain bâti et l’espace naturel et agricole qui l’environne. La perspective est à la fois historique, notamment pour le cas de la région parisienne, et géographique, avec des terrains franciliens, d’outre-mer (côte ouest de la Réunion) et languedociens (Narbonnaise). Comment la notion de lisière urbaine, imaginée par des professionnels de la conception de l’espace et mise en avant récemment dans de nombreux projets, vient-elle renouveler la manière de penser l’aménagement et la gestion des franges urbaines, et percole-t-elle sur le terrain ? Si l’idée de créer ces lisières s’est bien diffusée dans les documents d’urbanisme, notamment au-dessus de l’échelon local, sa traduction opérationnelle est loin d’être acquise et révèle de nombreux écarts entre discours et réalité."

"(...) L’objet de cet article est de documenter et d’analyser, à partir d’un corpus français, la manière de penser ce contact au fil du temps, notamment du point de vue des fonctions qu’il est susceptible de remplir et des physionomies paysagères qu’il revêt. Accompagnée par un glissement sémantique du terme de « front » vers ceux de « franges » et de « lisières » urbaines (Bonin, 2013a), cette évolution qui s’amorce dans la deuxième moitié des années 1990 tend à conférer une certaine épaisseur à cette ligne de contact, puis à l’identifier comme un espace spécifique de transition, où se déploient différentes formes de complémentarité entre la ville et ses périphéries. D’abord réfléchie en tant que bordure externe du projet urbain, la frange devient progressivement un enjeu en elle-même, qu’il est possible de travailler de manière spécifique, même si la mise en œuvre sur le terrain d’une telle approche reste aujourd’hui encore relativement exceptionnelle.
Nous voudrions dans ce texte explorer ce changement de posture. Notre hypothèse est qu’il existe un décalage, une tension entre les discours et les intentions projetés sur ces espaces, notamment en matière de planification (PLU, Scot...), et les projets d’aménagement, de gestion, de protection, effectivement réalisés. Plus concrètement, si le terme de lisière urbaine occupe une place de choix aujourd’hui dans les études préalables aux différents documents de planification d’urbanisme, ainsi que dans la conception des projets des paysagistes, il semble se diluer dans le passage au réglementaire (par exemple dans les PLU) et lors des réalisations. (...)"

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