Brégnac (F.), Montès (C.)

De la connaissance intime du lieu au contrôle marketing du paysage dans la construction d’un « skyline »

Retour sur l’étude prospective « Une silhouette urbaine pour Lyon »

Métropolitiques, 08 avril 2016.

8 avril 2016 / Articles scientifiques

Alors que Lyon a connu ces dernières années une multiplication des projets de tours, François Brégnac et Christian Montès reviennent sur une étude prospective sur le grand paysage de la métropole rhodanienne publiée en 1990. En réinterrogeant ce travail, ils mettent en perspective les débats contemporains sur l’impact paysager des tours et soulignent un changement profond d’approche de l’urbanisme : à la connaissance intime du lieu fondatrice d’un grand paysage se substitue un marketing urbain mobilisant des micro-paysages, presque hors-sol.

"(...) Les termes mêmes de la commande de Michel Noir révèlent le changement d’approche de l’urbanisme. Loin du fonctionnalisme, ce sont le grand paysage et le sensible qui apparaissent au premier plan :

« Le site de Lyon commande et inspire. […] Ensemble, ville, espaces publics et maisons constituent un environnement global, et l’homme doit se lier d’amitié avec ces lieux, avec son site […] unis dans une image “mémorisable” […]. Réaffirmer la silhouette urbaine de Lyon, c’est proposer une manière de liberté qui permette les diversités tout en respectant “le génie du lieu” comme dénominateur commun. »

Les auteurs de l’étude partageaient cette vision. Michel Autheman était un homme d’expérience (architecte de formation) qui avait déjà travaillé sur des ensembles patrimoniaux en tant que membre de la Commission supérieure des monuments historiques, et se montrait sensible à l’idée de respecter le site de Lyon dans sa beauté, tout comme François Brégnac, lui aussi architecte de formation, et Hector Gutierrez, peintre et auteur des dessins de l’étude.

Tout commença par une séance de réflexion d’une journée avec des experts invités, achevée sur un consensus : la nécessité de préserver le site de Lyon, qui donnait sens à la ville et permettait d’éviter l’erreur parisienne de la tour Montparnasse. Le risque de voir émerger des tours partout a précipité une réflexion sur le grand paysage de la ville. Cela supposait d’abord d’accepter que des tours soient construites : dans le contexte d’une nouvelle équipe municipale, jeune et désireuse de rendre la ville belle et attractive, et dans celui de la multiplication des « monuments signaux » dans les villes, cette acceptation fut d’emblée adoptée, mais cette position supposait de définir la localisation de ces tours : ce fut la Part-Dieu. Cela supposait surtout de considérer l’ensemble du territoire, poursuivant ainsi la tradition lyonnaise de planification autour du triptyque orientation stratégique – projet – réglementation. (...)"

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