"Alors que tout pousse l’urbanisme à regarder vers le futur, ce colloque propose d’inverser le regard et d’observer la discipline – ses enseignements comme ses recherches – à l’épreuve des cinquante dernières années. À travers l’analyse d’expériences pédagogiques, de contrats de recherche, de trajectoires biographiques et / ou institutionnelles, d’oeuvres théoriques etc., cette conférence est un exercice de mise à jour des motivations et des stratégies rhétoriques de l’urbanisme, mené avec les techniques de la critique urbaine et de l’urbanisme lui-même. Ni purement inductif ou déductif, l’urbanisme – changement de point de vue qui pousse à l’action – ne peut se résumer aux transformations qu’il induit. À suivre son processus d’énonciation – fortement intriqué à l’urbain – à la trace, l’ambition de ce colloque est de donner à voir l’urbain dans toute son épaisseur et permettre ainsi de comprendre autrement les réalités, les pratiques et les théories urbaines comme urbanistiques."

OBJET

"Ces dernières années les débats épistémologiques en urbanisme connaissent un nouvel essor. En témoigne l’actualité de la littérature scientifique francophone avec la publication des Cahiers Ramau (Cohen et al., 2018) dont certains articles appellent à un renouveau de la pédagogie (Huchette et al., 2018), avec le numéro de la revue Territoire en mouvement paru la même année et intitulé “Former à l’urbanisme et à l’aménagement” (Douay et al., 2018) tout comme avec le numéro de la Revue européenne des sciences sociales (Bognon et al., 2018) faisant suite au colloque « Champ Libre : l’aménagement et l’urbanisme à l’épreuve des cadres théoriques » (2016). Les débats sont aussi nourris dans les revues professionnelles comme Tous urbains (nov. 2018) où l’on parle de « savoirs sens dessus dessous » et « de formations en attente de réinvention » (Lussault et al., 2018). De la même façon, à l’instar du dossier Current Issues de Cybergeo sur « les métiers de la ville » (Matthey et al., 2016-2018), les working papers et autres articles de blogs sont nombreux sur le thème. À la lecture de ces débats, une question se cristallise telle un noeud gordien bien difficile à trancher : la “fin de l’urbanisme” est-elle écrite (Faburel, 2018) ou l’urbanisme est-il en train de se réécrire ?"

PROGRAMME

• Discipline / Disciplines
  Animation : Nicolas Douay & Camille Vergnaud,
  "L’enjeu est ici de s’intéresser à l’urbanisme en tant que discipline et plus généralement à sa relation aux autres disciplines. À quelles conditions l’urbanisme est-il considéré comme discipline à part entière ? Existe-il vraiment en tant que discipline ? [...] Enfin, les interconnexions avec des disciplines telles que l’architecture, l’économie, l’ingénierie, la géographie, les sciences de l’environnement, les sciences politiques, la sociologie, etc. sont à ré-interroger. [...]"
  • “Urban Planning Education : Examining Past Approaches – Developing Future Prospects”, ouverture par Andrea Frank (RWTH Aachen Université, Institut pour l’Urban Design et l’urbanisme européen)
  • “L’urbanisme pour gouverner les transitions”, Marco Cremaschi (Institut d’Études Politiques - Paris, Centre d’Études Européennes), Irène Mboumoua (Institut d’Études Politiques - Paris)
  • “De l’art de protéger à l’art de prendre soin. De quel urbanisme le « patrimoine » est-il le nom ?”, Karine Basset (Université Grenoble Alpes, UMR Larhra)
  • “L’urbanisme et la biosphère : des relations problématiques ?”, Sabine Barles (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, UMR Géographie-cités)

• Pensées / Impensés
  Animation : Charles Ambrosino & Catherine Maumi
  "L’urbanisme est ici mobilisé à travers les mouvements de sa pensée. Dans cette session, les contributions retranscrivent la trajectoire de concepts (l’urbanité par exemple), de figures (la « ville- diffuse », l’« entre-ville » etc.), de méthodes (statistiques à sensibles), de paradigmes (de la ville-bidon à la ville-durable), de personnalités (Henri Lefebvre pour n’en citer qu’un), de territoires (la métropole, la banlieue, le périurbain mais aussi les villes moyennes ou le rural), de textes (de Learning From Las Vegas à Delirious New York en passant par Poétique de la ville) ou de thématiques (la mobilité, l’habitat, le paysage pour ne citer que les plus conventionnelles). [...]"
  • ‘‘Architecture, urbanisme, paysage : la recomposition inachevée des années 1990’’, ouverture par Eric Alonzo (Ecole d’architecture de la ville et des territoires - Paris-Est, UMR AUSser)
  • “L’espace public comme utopie ? Retours sur un objet emblème de la fabrique urbaine contemporaine à travers cas des espaces de mobilité”, Théo Fort-Jacques (École Nationale Supérieure d’Architecture - Nantes, UMR AAU)
  • “Retour sur 50 ans de formulations des interactions entre urbanisme, transport et mobilité”, Patricia Lejoux (UMR LAET)
  • “L’organicisme ? Un (trop vieux ?) débat sur la ville”, Olivier Ratouis (Université Paris Nanterre, UMR LAVUE)

• Fond / Forme
  Animation : Jennifer Buyck & Laurent Coudroy de Lille
  "Cette session est l’occasion de s’intéresser plus spécifiquement aux formes urbaines et à leurs enjeux sociaux. Comment prolonger la chronique de formes urbaines telle qu’initiée notamment de l’îlot à la barre ? Et pour quels enseignements ? [...]"
  • “Pour une écologie sensible de l’urbain”, ouverture par Jean-Paul Thibaud (UMR AAU)
  • “Renouveler l’enseignement de l’urbanisme par l’atelier professionnel. Le Séminaire et atelier Tony Garnier (SATG) et le cas de l’atelier « Metz-Nancy, métropole d’équilibre » (1964-1965)”, Amandine Diener (Université de Bretagne Occidentale, EA Géoarchitecture)
  • “La revanche de la forme urbaine”, Giovanni Fusco (UMR ESPACE)

• Ici / Ailleurs
  Animation : Claire Revol & Stéphane Sadoux
  "Entre régionalisme et internationalisation, c’est à la dimension située de l’urbanisme et à la circulation de ses modèles que s’intéresse cette session. Peut-il y avoir et à quelles conditions une théorie urbaine globale ? Comment cette dernière s’est-elle exprimée dans le monde de la recherche et de l’enseignement ? [...]"
  • “L’urbanisme, les Suds et la justice spatiale”, ouverture par Pascale Philifert (Université Paris Nanterre, UMR LAVUE)
  • “La genèse de l’atelier international en urbanisme. L’expérience grenobloise”, Jean-Michel Roux (Université Grenoble Alpes, UMR AAU)
  • “Faire atelier dans des contextes en mal de développement”, Emmanuel Matteudi et Ouissame El Asri (Université Aix Marseille, Lieu )
  • ‘‘Enseigner l’urbanisme et l’aménagement de la France à un public international : retour sur expérience’’, Beatriz Fernandez (EHESS, UMR Géographie-cités), Marie-Vic Ozouf-Marignier (EHESS, UMR Géographie-cités)
  • ‘‘L’internationalisation des formations en aménagement et urbanisme’’, Nicolas Douay (Université Grenoble Alpes, UMR Pacte)
  • Discussion avec Christophe Demazière, PolyTech Tours et Xavier Desjardins, Sorbonne Université

• Action / Savoir
  Animation : Muriel Delabarre & Jean-Michel Roux
  "Dans le cadre de cette session la rétrospective des travaux proposés se focalise sur la dialectique entre urbain de l’action et urbain du savoir. Les liens parfois constitutifs entre centres de formation, laboratoires de recherche et monde professionnel y sont le sujet d’analyses. L’émergence et l’évolution en parallèle des instituts et des agences d’urbanisme y est notamment traitée. Y a-t-il des effets de synchronisation ? De distanciation ? Et plus généralement, quelles relations entre universités et métiers ? [...]"
  • ‘‘L’urbanisme face à la compréhension de l’action : une discipline inspirée par d’autres disciplines de sciences humaines et sociales’, Paulette Duarte (Université Grenoble Alpes, UMR Pacte)
  • ‘‘Que fait la participation à l’enseignement de l’atelier d’urbanisme ? Retour sur quelques expériences brestoises’’ , Hélène Martin-Brelot (Université de Bretagne Occidentale, EA Géoarchitecture)
  • “Héritages / Fictions. De quelques modes d’existence’’, Nicolas Tixier (École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, UMR AAU)

• Technique / Politique
  Animation : Adriana Diaconu & Silvère Tribout
  "Les mouvements de politisation et dépolitisation qui ne cessent de ponctuer l’histoire et la théorie de l’urbanisme tendent aujourd’hui à une apparente dépolitisation et à une forte technicisation de la discipline"
  • ‘‘Récit, expérience, attention... Quand le projet urbain s’attache à saisir le « vif du sujet »’’, ouverture par Laurent Matthey (Université de Genève)
  • ‘‘De la « production urbain » technocratique à la « fabrique urbaine » transversale : l’ingénierie privée au travail de la frontière entre technique et politique’’, Nicolas Bataille (UMR Pacte)
  • ‘‘Quand les travaux technique, politique et associatif se confondent : « faire participer » les habitants dans un projet de renouvellement urbain’’, Romain Gallart (UMR LAVUE)
  • ‘‘L’urbanisme comme technique et comme idéologie : les leçons de la critique des années 1960-1970’’, Grégory Busquet (Université Paris Nanterre, UMR LAVUE)
  • ‘‘(Re)penser et faire la ville-archipel. De la pensée aménagiste à l’urbanisme expérimental, retour sur le « modèle rennais »’’, Solène Gaudin (Université Rennes 2, UMR ESO), Antonin Margier (Université Rennes 2, UMR ESO)
  • ‘‘Une ville et son maire, ou l’absence d’urbanisme dans le projet territorial’’, Benoît Montabone (Université de Rennes 2, UMR ESO)
  • ‘‘Les régimes d’engagement dans le technico-politique : pour une connaissance réaliste des mondes de l’urbanisme’’, Laurent Devisme (École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, UMR AAU)

INFORMATIONS PRATIQUES

Date : du 28 au 30 Janvier 2020.

Lieu : Institut d’Urbanisme et de géographie Alpine, Grenoble

Inscriptions et informations complémentaires sur le site de l’événement