25/07/20 - Appel à articles - Revue Transversale - "L’architecture et la lettre : dits et récits d’espace"

samedi 25 juillet 2020

Appel à articles dans le cadre du n°5 de la revue transversale / histoire : architecture, paysage, urbain intitulé "L’architecture et la lettre : dits et récits d’espace" à paraître en décembre 2020-janvier 2021. Projets retenus à livrer avant le 1er octobre 2020.

"De quoi parlent-ils lorsqu’ils parlent d’architecture ? Poètes, écrivains, cinéastes, architectes, urbanistes et paysagistes ? Sans doute leur commun est-il l’orchestration de l’espace, et ainsi, “puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur [1]”. Mais inscrire l’espace dans un récit, c’est déjà l’attacher à des temporalités et l’on sait, comme l’écrit Ricoeur, que : “l’architecture serait à l’espace ce que le récit est au temps, à savoir une opération ‘configurante’ ; un parallélisme entre d’une part construire, donc édifier dans l’espace, et d’autre part raconter, mettre en intrigue dans le temps [2]”."

OBJET

"Ce nouvel appel à articles de transversale invite, au canevas de ses deux axes de réflexion, à une littérature inédite, susceptible de projeter des lumières sur les architectures des villes et des paysages de tous lieux et de toutes époques, qui, aujourd’hui délitées par des crises politiques, dévastées par les conflits guerriers, standardisées par « l’horreur économique [3] », saisies d’obsolescence par le changement climatique, n’en restent pas moins des sources de rêves pour l’avenir et de savoirs pour une histoire culturelle et sociale."

AXES

"Pour son 5e numéro, transversale a choisi d’emprunter la voie littéraire et de lancer un appel à contribution sur deux axes.

  • “dans” l’architecture, l’urbain, le paysage, les environnements : le site comme narration de l’interne à l’architecture ;
    "Le premier axe examine les analogies potentielles entre l’imprimé de la création littéraire et l’architecture ainsi “littérarisée”. De l’architecture, l’agencement des mots présente un parti, défend une posture, accompagne peut-être un projet. Et si de nombreux architectes ont informé la conception et la construction à l’attention des professionnels et des étudiants [4], les tentations analogiques plus profondes entre architecture et littérature sont nombreuses [5], comme en témoignent les registres employés pour décrire quelques modes opératoires : “grammaire de l’architecture” ; “imprimante 3D”... Ainsi, la dépendance de la signification des signes à la structure saussurienne du langage, renverrait à la corrélation entre structure, enveloppe et second oeuvre. [...]"
  • “sur” l’architecture, l’urbain, le paysage, les environnements : le récit externe à l’architecture pour observer, débattre, affronter, analyser."
    Le second axe interroge les récits sur l’architecture et les récits d’architectes, combinant des savoirs et une écriture événementielle ou médiatique (entretien, documentaire, blog ou plateforme de débat). Ces récits sont-ils nécessaires pour tenter de percevoir l’intégrité des terrains constitués ou leur obsolescence, ou pour « faire de l’histoire » comme l’écrivaient Pierre Nora et Jacques Le Goff [6] ? Établir
    un autre dialogue que celui dicté par la « tyrannie de la mémoire [7] », serait-ce aussi construire cette fiction d’architecture imaginée par Jorge-Luis Borges et Italo Calvino... ou instaurer l’ambiguïté d’un geste, comme insinué par Claude Parent et Paul Virilio : inclination ou inclinaison [8] ? [...] Et d’architectes le plus souvent, de nombreux récits témoignent de cette saisie architecturale de l’espace par le temps. Les ouvrages didactiques de Viollet-le-Duc, publiés chez l’éditeur de jeunesse Hetzel, sont-ils des des romans ou des ouvrages de médiation [9], des traités d’histoire ou des manuels d’architecture ? L’ouvrage de Fernand Pouillon, Les pierres sauvages (1964), celui de Pierre Riboulet, Naissance d’un hôpital (1989) sont-ils des voyages intérieurs dans l’espace du projet ? Ou dans celui du métier ? On pourrait multiplier les exemples de cette littérature et des débats animés [10] sur l’architecture des édifices, des villes et du paysage, de la conception et de la construction [11]."

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite de soumission : le 25 juillet 2020.

Adresse d’envoi : gilles.a.langlois@bbox.fr

Modalités : Propositions de 30 lignes ou 1500 signes + mots-clés.

Appel à articles

[1] Cocteau, Jean, Les Mariés de la Tour Eiffel, Paris : Gallimard, 1924 (1921).
[2] Ricoeur, Paul, « Architecture et narrativité », in Urbanisme, n°303, novembre-décembre 1998, p 44-51
[3] Forrester, Viviane, L’horreur économique, Paris : Fayard, 1996.
[4] En témoigne par exemple, l’initiative du CERCC (ENS de Lyon), qui ouvre en 2016 un parcours « Écriture et Architecture » avec l’ENSA de Saint-Étienne, sous la direction d’Eric Dayre et Evelyne Chalaye
[5] Les colloques initiés par Pierre Hyppolite et Antoine Leygonie à la Société française des architectes et à Cerisy-la-Salle entre 2004 et 2009, ont convoqué de nombreux spécialistes à réfléchir, sur la contribution de la littérature à la pensée architecturale
[6] Le Goff, Jacques et Nora, Pierre (dir.), Faire de l’histoire, Paris : Gallimard, 1974.
[7] Selon la formule de Pierre Nora dans un entretien avec Emmanuelle Duverger et Robert Ménard paru dans La Revue-Médias en ligne, n° 17, juin 2008
[8] Parent, Claude et Virilio, Paul, Architecture principe 1 la fonction oblique, Paris : Imprimerie Dermont, 1966
[9] Histoire d’une maison (1873) ; Histoire d’une Forteresse (1874) ; Histoire d’un Hôtel de Ville et d’une Cathédrale (1878)
[10] Littérature prolongée et débattue par la radio, notamment dans l’émission Métropolitains de François Chaslin de 1999 à 2012
[11] Voir par exemple Chabard, Pierre et Kourniati, Marilena, Raisons d’écrire - Livres d’architectes (1945-1999), Paris, Éditions du Linteau, 2013. À l’échelle du paysage, voir par exemple Bailly, Jean-Christophe, Le dépaysement, voyages en France, Paris, Éditions du Seuil, 2011.