10/09/20 - Appel à articles - Revue Projets de paysage - "Le paysage au prisme du politique"

samedi 10 octobre 2020

Appel à articles pour le n°24 "Le paysage au prisme du politique" de la revue Projets de paysage à paraître en juillet 2021.

"Cet appel à textes s’appuie sur une conception du paysage comme entité relationnelle, sensible et symbolique, entre individus, groupes, sociétés et leurs environnements (au sens de ce qui environne), comme une manière d’être au monde, d’y participer (Besse, 2013). Le terme paysage étant l’objet d’une multitude d’acceptions, ce choix vise à offrir un cadre commun aux auteurs afin d’assurer la cohérence d’ensemble du numéro ; par ailleurs, ainsi compris, il ouvre au politique et en cela il paraît topique. Qu’entendons-nous par politique ?"

OBJET

"Repérer le politique n’est pas chose aisée (Leca, 1973, p. 71). Pour autant, et de façon simplifiée, le mot « politique » est associé ordinairement à trois réalités : « les » politiques publiques (ou l’action publique, en particulier celle de l’État et de son administration, mais aussi celle de collectivités territoriales) dont le paysage peut être une catégorie d’action ; « la » politique et ses acteurs, ceux que l’on nomme les hommes politiques, i.e. ceux qui en ont fait leur métier et dont l’activité est supposée organiser et permettre le fonctionnement de la société, garantir la cohésion sociale ; « le » politique qui renvoie à la vie en société, c’est-à-dire,
comme l’indique Hannah Arendt à « la forme d’organisation de la vie commune des hommes » (Arendt, 2007, p. 9). Ceux-ci étant dépendants les uns des autres pour leur existence, il doit y avoir « un souci de l’existence qui concerne tout le monde, sans lequel précisément la vie commune ne serait pas possible » (ibid., p. 10). C’est cette dernière approche qui a retenu notre attention pour ce numéro de Projets de paysage dans lequel nous souhaitons questionner des liens entre le paysage et le politique au sens de polis, cité, espace du « vivre ensemble », art de « faire société », où « l’homme peut agir dans un monde commun » (Arendt, 1997, p. 290) qu’il s’agirait dès lors de reconnaître comme commun."

AXES

  • 1 – Engagement dans l’action collective : le paysage, enjeu ou instrument politiques
    "Ce premier axe explorera le politique à travers les relations de pouvoir, les relations sociales conflictuelles, de coopération, d’indifférence, de pouvoir qui se nouent autour du paysage, lui-même envisagé comme une relation à l’environnement. Le postulat étant que le paysage n’échappe pas aux conflits d’intérêts qui traversent et structurent toute société comme aux tentatives d’arbitrage et de résolution qui leur sont corrélées ; et que de fait, il est concerné par l’action collective sous toutes ses facettes."
  • 2 – L’habiter comme habiter avec (co-) : une question paysagère et politique
    "Ce 2e axe propose d’interroger « l’habiter » et la réalité sociale à laquelle il renvoie, dans ses liens au paysage et au politique. Nous avançons que l’habiter (comme mode d’habiter en tant que sujet vivant en lien avec un monde environnant) est un rapport au monde, une manière d’être – au sens ontologique du terme – au monde, mais c’est aussi un rapport réciproque entre les individus, les sociétés et l’espace dans sa diversité. Pour le dire autrement, habiter un territoire c’est faire avec l’espace mais c’est aussi faire avec les autres ; l’habiter n’existe pas sans cohabitation, il est indissociable de la vie en société et de la construction dans le temps de celle-ci. Le politique se situerait là et la réflexion pourrait prendre comme point d’entrée les habitants d’un lieu en considérant qu’habiter c’est être quelque part avec les autres – humains et non-humains – et c’est aussi organiser, aménager son espace de vie en conséquence, d’un double point de vue matériel et idéel."
  • 3 – Le paysage en tant qu’« instrument de pouvoir culturel »
    "Ce troisième axe porte sur le projet de paysage en tant que mode de représentation et de redéfinition d’un territoire concret ainsi que sur leurs implications concrètes dans les usages et les pratiques par rapport à la pensée d’un monde commun. Il prend appui sur l’ouvrage collectif intitulé Landscape and Power dirigé par le critique américain W.J.T. Mitchell (publié en 1994, une deuxième édition augmentée en 2002). Changeant le substantif paysage en verbe, Mitchell s’intéresse à ce que fait le paysage, il se demande comment il « fonctionne en tant que pratique culturelle », en étant un « instrument de pouvoir culturel » (Mitchell, 1994, p. 1-2) ayant des visées impérialistes et colonialistes. À la suite de cet ouvrage, nous proposons d’envisager le paysage comme pratique culturelle nécessitant de considérer ses incidences politiques, qu’elles soient directes ou indirectes, voulues ou non par les auteur.es du projet."
  • 4 – Changement de paradigmes
    Dans ce 4e axe, nous souhaitons proposer une réflexion sur la relation politique et fondamentale que nous présupposons entre l’interprétation du paysage, considéré comme mode d’être, expérience et communication avec le monde et autrui (Straus, Besse, Grout), et le changement de paradigme, auquel correspondraient les mutations en cours (qu’elles soient environnementales, économiques, sociales, culturelles, anthropologiques ou politiques). Pour le philosophe japonais Kobayashi Yasuo, « à travers le paysage, on commence à sentir l’univers non plus par l’“externe” mais l’“interne”, c’est pourquoi l’expérience nous permettrait de changer enfin de paradigme en quittant le modèle du monde physique (l’espace géométrique) pour celui du monde biologique et écologique » (Kobayashi, 1998) (l’environnement en lequel l’homme ne serait ni la figure centrale décidant de tout ni en distance).

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite d’envoi : le 10 septembre 2020.

Adresse d’envoi : projetsdepaysage@gmail.com

Modalités : résumé de 2 pages (6 000 signes environ) avec bibliographie indicative, 5 mots-clés et mention du ou des champ(s) disciplinaire(s)

Appel à articles