25/04/22 - Appel à articles - revue L’Espace Politique - "L’urbanisme tactique"

dimanche 24 avril 2022

Appel à articles "L’urbanisme tactique : outil d’émancipation ou de neutralisation des pratiques habitantes dans les espaces urbains ?" de la revue L’Espace Politique coordonné par Camille Mortelette, Université Lille Nord-Europe, Céline Burger, Université de Reims Champagne-Ardennes, Laurent Gagnol, Université d’Artois. Mise en ligne du numéro fin 2022.

"Dans le contexte de pandémie mondiale du Covid-19, les pouvoirs publics ont multiplié la mise en œuvre de diverses opérations d’aménagements considérées comme temporaires ou transitoires, relevant d’interventions rapides et à faibles coûts telles que les coronapistes [1]. Fréquemment apparentées à de l’urbanisme tactique (Lydon et al., 2015), elles ont fait l’objet d’un intérêt médiatique et politique marqué. Jusque-là peu connue, cette conception de l’aménagement apparaît désormais pour les pouvoirs publics comme une solution adaptée pour réagir rapidement afin de mieux organiser l’espace public, en particulier en termes de fluidification des mouvements des citadins et de respect des normes de distanciation physique qu’ils ont imposées dans le contexte de pandémie."

"Ces opérations se sont généralisées dans de nombreuses villes en Europe et la notion auparavant assez confidentielle d’« urbanisme tactique » a connu un succès grandissant. Avant son institutionnalisation récente, l’urbanisme tactique est, nous l’avons dit, lié à des opérations non formalisées et temporaires de production urbaine ascendante. D’abord conceptualisé aux États-Unis, puis dans certains pays d’Amérique du Sud au début des années 2000, l’urbanisme tactique s’envisage alors comme un urbanisme transitoire, éphémère, dont les citoyens, regroupés en collectif (Chapel, 2018), seraient les initiateurs. En ce sens, il repose sur les “tactiques” ou “manières de faire”, qui “constituent les mille pratiques par lesquelles des utilisateurs se réapproprient l’espace organisé par les techniques de la production socioculturelle” (De Certeau, 1990 : XL). Il relèverait ainsi d’une dimension contestataire ou, du moins, de remise en question des modèles urbains et de gestion planifiée des espaces publics associés à des communs (Lydon et al., 2015). [...]"

OBJET

"Cette proposition de numéro thématique souhaite interroger les changements sur l’espace urbain provoquées par l’urbanisme tactique dans la perspective 1° de leur possible pérennisation et de sa justification par les acteurs en charge ; 2° de l’intensité différenciée de leurs effets en examinant ce que ces changements de forme, de fonction et d’ambiance ont produit et continuent à produire en termes de pratiques spatiales en temps de pandémie, puis de normalisation de l’exceptionnel ; 3° elle vise aussi et surtout à analyser comment l’urbanisme tactique s’est généralisé et est présenté comme une réponse à une situation d’urgence de la part de différents types d’acteurs dans des contextes souvent controversés.
L’urbanisme tactique peut-il être révélateur d’enjeux de pouvoirs et de conflits dans les espaces urbains ou être un instrument de concorde et d’apaisement en accord avec les valeurs d’horizontalité et de « Do-It-Yourself urbanism » (Finn, 2014 ; Sawhney, de Klerk, Malhotra, 2015) qu’il porte en lui ou encore un outil de dépolitisation de l’espace public ?"

AXES

  • Axe 1 : Les instituions et leur stratégie d’intervention
    "En confrontant différentes échelles spatiales et/ou temporelles, il peut être intéressant d’interroger dans un premier temps la montée en puissance du recours à l’urbanisme tactique, voire la standardisation de ces choix d’aménagement, et de questionner la mise en récit dont il bénéficie. Dans le cadre de la crise sanitaire, l’urbanisme tactique tel qu’il est proposé par l’action publique est-il un instrument qui peut être qualifié d’efficace pour elle, notamment en termes de régulation de l’espace public urbain ? [...]"
  • Axe 2 : Les habitants et leurs pratiques
    "Ce deuxième axe propose d’observer les effets des mesures prises par les différentes collectivités territoriales et établissements publics sur les pratiques spatiales des habitants. Le projet de transformation de l’espace qu’il porte en lui est-il un acte fonctionnel et esthétique suffisamment fort pour marquer les usages de la ville ? Les auteurs pourront ainsi interroger une éventuelle place pour le détournement dans cet urbanisme institutionnel qui se réapproprie les codes du subversif et de la contestation. Cela revient à donner toute leur place aux représentations : comment les habitants reçoivent-ils les changements de formes et d’ambiances induits par l’urbanisme tactique ? En perçoivent-ils la dimension descendante et institutionnelle ? [...]"

Axe 3 : Lea resémantisation des espaces urbains en temps de COVID
"L’entrée de la pandémie mondiale du Covid-19 dans notre quotidien a, depuis mars 2020, singulièrement affecté nos relations aux autres, à l’espace public et au chez-soi. Les premières semaines de confinement couplées aux mesures gouvernementales (attestation d’autorisation de sortie, délimitation de périmètre autorisé, fermeture des lieux culturels et de consommation, entre autres) et les différentes étapes qui ont suivies (modification du périmètre, couvre-feu, règles spécifiques liées aux « gestes barrière » dans les espaces clos et ouverts), ont révélé le pouvoir de l’Etat sur la régulation et le contrôle des corps des individus dans l’espace public. [...]"

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite de soumission : le 25 avril 2022.

Modalités : articles de 60 000 signes maximum (espaces compris) respectant les normes de publication de L’Espace Politique

Adresses d’envoi : camille.mortelette@gmail.com ; celine.burger@univ-reims.fr ; laurent.gagnol@univ-artois.fr

Voir l’appel à articles sur le site OpenEdition

[1]Aménagements cyclables provisoires mis en place à partir de la pandémie de Covid-19 d’où le mot valise faisant écho au coronavirus et à la voie de circulation.