Mille (A.)

La coopération des professionnels HLM à l’épreuve de la rénovation urbaine

Métropolitiques, 30 janvier 2020.

30 janvier 2020 / Articles scientifiques

"La coopération entre les professionnels de la gestion HLM et de la maîtrise d’ouvrage est un enjeu ancien pour les bailleurs sociaux. Amandine Mille montre comment la mise en œuvre des projets de rénovation urbaine reproduit davantage qu’elle n’abolit les asymétries de pouvoir entre ces professionnels."

"Contrairement à la plupart des promoteurs immobiliers privés, les organismes de logement social français ont historiquement fondé leur identité et une conception de leur mission autour de deux activités : la construction et la gestion de logements sociaux. La construction a longtemps constitué l’activité principale et légitime des bailleurs sociaux, dont la vocation est d’accroître l’offre de logements abordables et de développer leur présence sur les territoires. La gestion, quant à elle, est une notion polysémique au sein des organismes HLM, qui renvoie à des activités et des professions diverses : par exemple, la gestion locative des contrats des locataires, le recouvrement des loyers, l’accompagnement social, la commercialisation des logements, la gestion sociale et urbaine, ou encore la gestion de proximité sur laquelle porte plus spécifiquement cet article.

Depuis les années 1980, l’obsolescence progressive du parc existant et la diminution des rythmes de construction contribuent à conférer à l’activité de gestion une importance croissante. Une première évolution notable est la délocalisation des services gestionnaires au plus près des quartiers d’habitat social par les organismes HLM les plus importants (via la création à l’échelle communale ou départementale des agences de gestion ou agences de proximité). Cette décentralisation a toutefois produit un phénomène non anticipé par les bailleurs, à savoir « une véritable dichotomie » entre les services de gestion et ceux de la maîtrise d’ouvrage (Bretesché 2005 ; Demoulin 2014). Le décloisonnement de ces services constitue depuis un enjeu pour les organismes. Cela se traduit essentiellement par une intégration du personnel de gestion dès les phases amont, c’est-à-dire dès la conception, des opérations urbaines (Lefeuvre et Lelévrier 2003).

L’intégration en amont des différents professionnels de la gestion, qui agissent généralement en aval de la construction, est une préoccupation ancienne, remise sur le devant de la scène au début des années 2000 avec le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU). Elle est motivée par deux objectifs principaux : d’une part, anticiper la gestion future des immeubles et des quartiers (notamment pour pérenniser les investissements réalisés et réduire les coûts de gestion) et, d’autre part, répondre à de nouvelles demandes des habitants et des pouvoirs publics (services à l’habitat, sécurisation des espaces, maîtrise de l’évolution du peuplement, etc.). Pour certains bailleurs sociaux, ces objectifs impliquent de réinterroger et de faire évoluer les pratiques professionnelles traditionnelles pour tendre vers davantage de coopération et de transversalité entre les deux extrémités de la chaîne de production des logements (la maîtrise d’ouvrage et la gestion de proximité).

Comment la mise en œuvre des projets de rénovation urbaine affecte-t-elle la division du travail et les modes de coopération entre les professionnels de la maîtrise d’ouvrage et les gestionnaires de proximité au sein des organismes HLM ? Dans quelle mesure cela contribue-t-il à atténuer ou, au contraire, à reconduire la hiérarchie professionnelle et symbolique entre ces deux corps de métiers majeurs de l’administration du logement social ?"

PLAN DE L’ARTICLE

  • La division du travail au sein des organismes de logement social
  • Résistances et reproduction d’une asymétrie professionnelle
  • Une faible intégration des gestionnaires de proximité qui interpelle

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