Weber (B.)

L’enfant : un impensé du travail de conception architecturale ?

La trajectoire réflexive de Louis Kahn

Métropolitiques, 15 avril 2015.

15 avril 2015 / Articles scientifiques

"Comment les architectes pensent-ils les enfants dans la ville ? Rares sont ceux qui leur consacrent une authentique réflexion et prennent en comptent la spécificité de leurs besoins et de leurs usages urbains. Bendicht Weber revient toutefois sur la pensée de Louis Kahn qui s’est efforcé, au-delà des normes impératives de protection, de réfléchir aux enjeux que soulève la détermination du sens et de la forme des espaces qui leur sont dévolus."

"L’enfant, dans les projets d’aménagement urbain, reste fréquemment considéré comme un « accessoire » du monde des adultes, dont l’hétérogénéité et la diversité sont à leur tour ignorés. Des dispositifs spatiaux conçus pour l’enfance, tels les cours d’écoles et les équipements de jeux, révèlent souvent une difficulté à prendre en compte les aspects évolutifs et imprévisibles de la vie urbaine : tout s’y rapporte à des comportements attendus et à l’exigence du moindre risque. Or les enfants, de tempérament ludique, ne se conforment que rarement, et certainement moins que les adultes, à des usages attendus.

Chez les concepteurs des espaces urbains, l’enfant apparaît souvent dans un argumentaire visant à légitimer a posteriori une proposition d’aménagement dans laquelle sa place est négligeable. Un discours se référant à l’enfant peut ainsi prétexter un aménagement attentif à cet usager jugé vulnérable, ou encore argumenter une proposition rassurante car attentive aux dangers censés le guetter lorsqu’il échappe au contrôle des adultes. De tels discours véhiculent des représentations préconçues de l’enfant qui ne considèrent chez lui que sa dimension d’être fragile, inattentif et turbulent. De façon générale, ce dernier est avant tout considéré par le travail de conception comme une source de contraintes.

La communication des projets, soutenue par un fort développement de l’infographie, met désormais en scène non seulement un cadre bâti, mais aussi les usages et les usagers futurs. Les représentations d’enfants s’y multiplient. Restituant la plupart du temps des postures et des comportements stéréotypés, ces images nous renvoient une question pressante : si l’enfant y apparaît comme usager fictif des espaces projetés, dans quelle visée et à partir de quels fondements cette fiction est-elle construite ?"

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