Clerc (V.), Criqui (L.), Josse (G.)

Urbanisation autonome : pour une autre action urbaine sur les quartiers précaires

Métropolitiques, 7 décembre 2017.

7 décembre 2017 / Articles scientifiques

"Les quartiers construits de façon autonome et non conforme aux normes publiques représentent la forme d’urbanisation majoritaire dans le monde. Forts de ce rappel, Valérie Clerc, Laure Criqui et Guillaume Josse proposent de nouvelles pistes pour intervenir sur ces espaces au cœur de la fabrique urbaine."

Un tiers de la population urbaine mondiale réside dans des quartiers non planifiés par les autorités publiques, souvent hâtivement appelés « bidonvilles ». [...] [C]ette forme d’urbanisation est, de fait, la modalité majeure de fabrique des villes, par le passé en Europe et aujourd’hui dans les pays en développement. [...] [C]ette urbanisation peut être qualifiée d’« autonome » : sans pilotage des pouvoirs publics, ignorant ou enfreignant les plans d’urbanisme officiels, elle suit des dynamiques sociales, économiques et territoriales de consolidation incrémentale (occupation des terrains, construction progressive, accès aux services, régularisation).

[...] Néanmoins, les risques et imperfections de ces dynamiques autonomes – notamment en ce qui concerne les enjeux collectifs de salubrité, de sécurité, de biens communs – requièrent sans aucun doute une intervention publique pour assurer l’intérêt général au-delà des logiques particulières, pour un développement urbain inclusif, sûr, résilient et durable, socialement et environnementalement. Cette action publique est contrainte à avoir lieu a posteriori, et doit donc s’ajuster de manière incrémentale pour faire avec cette urbanisation autonome, et pour cela mieux la (re)connaître.

Ceci implique un autre rôle pour les pouvoirs publics : accompagner l’urbanisation autonome plutôt que d’être indifférents, cantonnés au rattrapage ou à des tentatives – vaines – de répression. Pour ce faire, l’expertise urbaine qui informe les responsables politiques doit évoluer. L’enjeu est double : généraliser la consolidation et l’amélioration de l’existant, et refonder une vision de la ville incrémentale et réaliste, prenant en compte les capacités de ses habitants et des autorités.

Ce texte soutient, à partir de trois sujets majeurs – production de l’habitat, fourniture de services et administration municipale –, qu’il est possible de mettre en avant d’autres modes d’action pour les pouvoirs publics, qui contribuent de facto au développement urbain durable."

Séquences de l’article :

  • Production sociale de l’habitat, du logement et du foncier
  • Extension et adaptation des services essentiels
  • Information et innovations pour la gestion municipale
  • De nouveaux outils pour une action urbaine incrémentale

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