31/07/21 - Appel à contributions - Nouvelles ressources, nouveaux dispositifs et temporalités complexes de l’aménagement urbain en Suisse et à l’international

samedi 31 juillet 2021

Appel à contribution pour une session spéciale organisée par l’Université de Genève dans le cadre du Swiss Human Geography meeting.

" Dans les années récentes, les acteurs de la fabrique urbaine des économies avancées sont confrontés à la montée d’une injonction contradictoire (Rêve de scènes urbaines, 2021) : alors que la concentration des populations, des ressources, des activités ou encore des richesses invite à engager d’importantes opérations d’aménagement et de transformation des espaces urbains, les mobilisations habitantes et citoyennes de plus en plus déterminantes dans la réalisation des projets donnent le sentiment d’un ralentissement de l’aménagement. Pourtant, le champ de la fabrique urbaine recèle d’innombrables innovations et propositions d’urbanisme nouvelles : la ville du quart d’heure (Offner, 2020), “l’urbanisme circulaire”(Grisot, 2020), l’urbanisme tactique (Douay et Prévot, 2016), les formes de fabrique slow (Revedin, 2018), les nouvelles missions de sobriété ou de décroissance (Wirz, 2018 ; Sowa, 2017), ou encore l’approche chronotopique (par l’espace et le temps) (Drevon, Gwiazdzinski, Klein, 2016) conduisent à interroger les rythmes de la ville (Gwiazdzinski, 2020) et contrastent avec le sentiment d’impuissance de l’aménagement."

OBJET

"Ainsi, un constat paradoxal semble s’imposer dans les discours médiatiques comme politiques au cours de la décennie des années 2010 : alors que l’on a rarement autant parlé de villes, on aurait rarement eu autant le sentiment d’une impuissance à les transformer. La Suisse est particulièrement représentative d’une relation ambivalente entre démocratie participative et (grands) projets métropolitains, où votations et “contre-votations” semblent remettre toujours à plus tard leur mise en œuvre effective, comme c’est le cas par exemple de la difficile réalisation du PAV à Genève (Lambelet, 2019). Les métropoles suisses et, au-delà, européennes, seraient-elles devenues intouchables ? Comment mobiliser ressources et acteurs de l’urbain pour conduire les nécessaires projets d’aménagement que les pressions toujours plus vives sur les métropoles nécessitent ?

Au-delà du constat, c’est sans doute autour des dispositifs de (re)mobilisation des ressources, des acteurs et de la population que se trouverait l’une des pistes d’intervention possible pour dépasser une partie des blocages de l’aménagement urbain. Les "ressources urbaines" (Michel et Ribardière, 2017) sont constituées de ressources liées au lieu, du quartier à l’agglomération voire à la métropole (Ribardière, 2017), de ressources sociales et culturelles, de ressources naturelles, de ressources économiques. Elles sont soit perçues comme des "opportunités ouvrant de nouvelles perspectives d’action" (d’Arienzo, Younès, Lapenna, Rollot, 2016) soit comme manquantes ou contraintes dans certaines situations et donc porteuses d’inégalités. Au travers de la multiplication de nouveaux modèles et formes d’urbanisme ces dernières années, nous percevons différentes ressources telles que la gestion et la disponibilité du foncier, l’immobilier, les ressources humaines (l’immigration en est une part non négligeable), les ressources économiques et financières des acteurs publics et privés, la mobilité, le logement, la santé, les systèmes de scolarité ainsi que les ressources naturelles telles que l’eau, la terre, la faune et la flore.

Pour pouvoir être mobilisées dans le champ de l’aménagement, les ressources font partie de dispositifs qui permettent leur exploitation et leur mise en valeur. Souvent non-défini, le dispositif est chez Foucault une notion transversale non seulement à l’ensemble de son œuvre, mais aussi à différents champs de la société, qui englobe aussi bien des pratiques discursives que des pratiques non-discursives (Raffnsoe, 2008). Selon Raffnsoe, le dispositif renvoie à un arrangement de “parties agencées” (en l’occurrence, dans le champ de l’aménagement, des ressources, des acteurs, des pratiques, des règlementations...) qui ont « un effet normatif sur l’environnement [bâti] puisqu’[elles] y introdui[sen]t certaines dispositions, [ce qui] crée une propension à certains types d’actes, une tendance à ce que certaines choses “arrivent” » (op. cit., p. 47). Transposé dans le champ de la fabrique urbaine, ce qui “arrive” est plutôt ce qui se “réalise”, à savoir le projet d’aménagement et, en amont, autant sa conception que le cadre légal qui en assure les conditions de réalisation ou encore les débats et les conflits desquels découle le consensus minimal permettant son actualisation.

Au-delà d’une approche générique, il existe plusieurs types de dispositifs en fonction du champ considéré : dispositifs réglementaires de la fabrique de la ville, dispositifs légaux (ou non) d’immigration de la main d’œuvre, dispositifs plus ou moins complexes, voire opaques, de fixation du capital ou d’extraction de la valeur, dispositifs socio-techniques de visualisation analogique ou numérique des projets et de la ville (présente et future) via par exemple le recours aux jumeaux numériques, dispositifs spatiaux (temporaires ou pérennes) d’aménagement tactique…

Intuitivement, les dispositifs constitueraient le chaînon manquant entre la matière première de la fabrique urbaine que sont les ressources et les modèles de l’aménagement. Leurs effets sur la capacité à mobiliser les ressources et leurs impacts sur les dynamiques de l’aménagement sont toutefois encore mal connus pour les plus récents. Les nouveaux dispositifs de mobilisation et de valorisation des ressources transforment-ils les temporalités de l’aménagement et les formes des environnements bâtis ? Dans ce panel, on formule l’hypothèse, à discuter, que les nouveaux dispositifs de la fabrique urbaine ne transforment pas les caractéristiques physiques des environnements urbains, mais tendent à complexifier les temporalités de leur fabrique et de leur exploitation, conduisant à un brouillage auprès des citoyen.ne.s, brouillage qui participerait d’une montée des oppositions habitant.e.s."

METHODE

"Afin de discuter cette hypothèse de travail, les organisateurs de ce panel invitent les auteurs et autrices à proposer des articles approfondissant ces nouveaux dispositifs qui promeuvent l’usage de ressources alternatives et génèrent une vision des temporalités différentes des schémas classiques de la fabrique urbaine. Si l’appel s’oriente sur des travaux dédiés aux villes suisses, il encourage également une approche comparative et une ouverture internationale, en particulier avec les métropoles européennes."

Mots-clés : Ressource urbaine, dispositif, temporalité, aménagement urbain, fabrique de la ville

INFORMATIONS PRATIQUES

  • Date limite d’envoi : 31 juillet 2021
  • Propositions : 300 mots maximum
  • Réponse des organisateurs/trices : 31 août 2021
  • Date de la session : 20 novembre 2021 à Genève