Appel à articles pour numéro 4 à paraître en décembre 2019 de la revue transversale / histoire : architecture, paysage, urbain, fondée en 2016 à l’ensap de Bordeaux.

"Que peut faire l’historien de l’architecture pour donner corps à une discipline en fragilité dont un tiers du public n’assiste plus aux cours magistraux ? Et dont une partie des premiers concernés, étudiants et architectes, ne considèrent plus les apports de l’histoire comme essentiels à leur démarche de (futur) praticien, mais comme un simple instrument de légitimation du projet ?"

OBJET

"L’histoire de l’architecture est celle d’un art contraint, d’une pratique sociale et d’une profession confluente, au croisement de plusieurs courants de force et de débit inconstants. Comme toute Histoire elle recourt à l’herméneutique et aux critiques externes et internes, mais aussi aux sciences politiques et de l’environnement, sous le regard instruit d’une profession qui s’intéresse en premier lieu aux conditions du projet.
Passée la vague des années 1980, qui avait réintroduit l’analyse des contextes – et donc de l’histoire - comme l’une des sources mêmes du parti architectural, urbain et paysager, nous observons un temps mort depuis une dizaine d’années. Les forces du champ disciplinaire « histoire » s’affaiblissent dans les écoles d’architecture (de 4% à 8% des horaires d’enseignement), ainsi que l’attention des étudiants aux questionnements qu’il instruit et aux disciplines qu’il requiert.
Dans le même temps, la profession d’architecte est dans une mutation profonde. La
concentration des marchés forme, dans ce domaine comme dans tous ceux de l’industrie, de puissants builders qui réorganisent la profession, de la promotion à la maintenance en passant par le projet, considérant l’architecture comme un maillon et non comme une totalité. La loi Elan rend caducs les concours d’architecture pour les logements sociaux. À l’autre bout de la chaîne, la rénovation légère et la construction ordinaires (moins de 150 m2) échappent à l’expertise de l’architecte. Les écoles d’architecture voient évoluer la conception même du métier, alors que 40% des diplômés sont destinés à d’autres métiers que ceux de la maîtrise d’œuvre."

AXES

• Faut-il élargir le champ d’investigation de l’histoire architecturale, urbaine et paysagère et s’attacher à des domaines inexplorés et/ou des pratiques expérimentales ? Plus spécifiquement par exemple : à l’histoire des constructeurs et promoteurs, à une histoire territoriale et environnementale de l’architecture, à une histoire des innombrables productions littéraires et iconographiques récentes de l’architecture (ouvrages et articles, mais aussi blogs et médias en ligne...) ?

• Faut-il réinterroger la théorie de l’architecture et les méthodes de l’histoire, dont architectes et historiens se sont détournés depuis quelques décennies, laissant le champ à de passagères et fragiles reconstructions ? De fait, l’adoption des puissants outils du numérique a permis le renouvellement de l’histoire comme celui de la conception architecturale, non seulement par un accès toujours plus multiple, rapide et aisé aux ressources et aux moyens, mais aussi par la transformation radicale de la pratique, des gestes et des méthodes. Comment faire de l’histoire un levier de constitution d’un corpus critique ou théorique ? Comment aborder le très récent ou manipuler des sources jusqu’ici inexploitées ?

• Faire de l’architecture, faire de l’histoire : comment mettre en commun des outils, comment les dépasser au nom d’un parti de construction du savoir sans diminuer les apports de chacun des deux champs ? Comment enrichir les méthodes de l’histoire grâce à celles venues des champs de la conception ou de l’ingénierie ? Quelle place faire au nécessaire temps long et aux incertitudes de l’histoire ?

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite de soumission : 30 juin 2019

Adresse de l’envoi : gilles.a.langlois@bbox.fr

Format de l’envoi : 20 lignes et mots-clés