31/08/20 - Appel à projets de recherche - Puca "Ville productive - quelle place pour quel travail en ville ?"

lundi 31 août 2020

Appel à projets de recherche "Quelle place pour le travail en ville ? Les conditions économiques, sociales et environnementales de la ville productive" organisé par le Plan Urbanisme Construction Aménagement.

"Entendue comme le maintien ou le retour des activités de fabrication dans les villes de tailles différentes, la notion de « ville productive » pose des questions importantes aux élus locaux et aux professionnels de l’urbanisme - collectivités locales, maîtres d’ouvrages et maîtres d’œuvre -, invités à réfléchir aux conditions urbaines et architecturales de coprésence des activités de production en ville, à
mieux prendre en compte les activités économiques, les besoins des entreprises et des travailleur.se.s et, plus largement, à repenser la place du travail en ville. Car cette réintégration de l’activité productive s’accompagne d’une transformation des formes de travail et d’emploi, tantôt ignorées, tantôt exagérées. Ce sont ces enjeux que ce programme de recherche vise à documenter en produisant des connaissances nouvelles."

OBJET

"Ce chantier de réflexion sur la « ville productive » doit permettre d’alimenter en connaissances nouvelles les professionnels et les pouvoirs publics dans une perspective à la fois plus large et plus opérationnelle, perspective qu’on peut ramener, sans ordre hiérarchique, à trois objectifs :

  • concevoir une ville pour ses travailleurs et non plus uniquement pour ses habitants ou ses usagers de « passage » (vers « l’ergopolis » défendue par Jean-Marc Offner) et identifier des alternatives à la « ludéo-muséification » des cœurs de ville, tant dans l’activité (production vs muséification) que dans les lieux (centre vs ville dans son ensemble) ;
  • maintenir des qualifications de niveau intermédiaire en ville quand la tendance est à leur éloignement des cœurs de villes ;
  • identifier les opportunités et les emplois concernés par la gestion/transformation des ressources locales.

Comment concevoir une ville qui crée les conditions d’accueil d’une évolution permanente du travail ? Comment maintenir des qualifications de tous niveaux en ville ? Comment favoriser le maintien, voire le retour, de l’industrie dans les tissus urbains constitués et selon quelles modalités d’insertion environnementale, urbaine et architecturale ? Comment mettre en œuvre une logistique urbaine plus
durable ? Comment favoriser la proximité entre les lieux de production et ceux de consommation des biens dans la perspective de la transition écologique ?"

APR DE RECHERCHE-ACTION

"Pour améliorer la connaissance des relations existant entre ville et travail, il nous paraît nécessaire de développer des travaux de dimensions diverses, qui relèvent de la recherche (fondamentale ou appliquée), ou de la recherche-action. Sont recevables également des projets exploratoires (d’une durée maximale d’un
an) qui se donnent pour objet l’analyse prospective de sujets émergents ou peu stabilisés.
Ce programme entend à la fois 1) objectiver le « retour de l’industrie en ville » et la ville productive, notamment en termes d’emplois, et 2) considérer la ville productive comme un potentiel projet de développement territorial. Dans ce cadre, sont éligibles des recherches ainsi que des démarches plus prospectives ou opérationnelles, à condition de bien préciser dans quel cadre s’inscrit la proposition.
Dans tous les cas, il s’agira de s’interroger sur les conditions économiques, sociales et environnementales de la ville productive dans différentes configurations territoriales."

AXES

  • Axe 1. Les conditions et stratégies du maintien/retour de l’activité productive en ville
    "Les initiatives locales en faveur du maintien ou de l’attraction des activités productives sont nombreuses. Pourtant, le destin des territoires productifs reste en partie mystérieux, quand bien même les travaux récents montrent que les conditions locales sont déterminantes. Ceux-ci plaident pour le lancement de recherches
    visant à décrypter les stratégies locales déployées afin de maintenir ou de développer des activités productives et à analyser leurs effets. A l’articulation entre développement économique, politique foncière et urbanisme, quelles sont les actions publiques locales qui sont mises en œuvre au service de la production et quelles limites rencontrent-elles ? Plus largement, nous pouvons avoir des interrogations plus larges sur le nouveau mot d’ordre du « retour à la production locale » et son sens dans des territoires inscrits dans la mondialisation et la division internationale du travail. [...]
  • Axe 2. Les lieux du « travail à distance » de l’entreprise : effets sociaux et urbains de l’hybridation vie professionnelle/vie privée
    Où travaillent les salarié.e.s en ville ? Tout laisse penser qu’une partie croissante d’entre eux travaille « hors les murs », c’est-à-dire dans des espaces distincts de celui de l’entreprise, amenant le directeur de la fondation Palladio à parler d’une tendance à la « dislocation de l’entité immobilière accueillant le travail », entre les bâtiments « centraux » de l’entreprise aux fonctions d’interaction, de mise en commun, voire de stricte expression événementielle ou symbolique, les tiers espaces susceptibles d’accueillir une partie de l’activité et, par ailleurs, d’autres lieux de formes diversifiées, allant du simple espace de connexion et de production individuelle, à des espaces de production plus sophistiqués, jusqu’aux lieux d’habitat. [...]
  • Axe 3. La ville productive comme projet environnemental : emplois et équipements générés par les ressources et les déchets
    La ville productive a jusqu’à présent été en grande partie envisagée comme une actualisation des doctrines d’aménagement à la lumière des évolutions du travail et de l’activité. Se faisant, il s’agissait de concevoir des espaces urbains plus adaptés aux travailleurs et travaillleuses. Plus largement, la ville productive peut également être considérée comme un projet de développement territorial. C’est le sens de nombreuses initiatives locales qui plaident pour ne pas s’intéresser uniquement aux conditions d’une meilleure prise en compte du travail dans la conception urbaine mais pour envisager la ville productive comme un « projet social, environnemental, économique et urbain ». Concrètement, cela suppose de faire un pas de côté en s’écartant de la seule « perspective aménagiste » au profit d’une vision instrumentale de l’aménagement, territorial et urbain, au service d’un développement économique et social local qui soit soutenable. Il s’agit ainsi de passer d’une ville « prédatrice » de ressources à une ville circulaire et économe. L’introduction de structures de production « en ville » constitue, c’est notre hypothèse, un levier permettant de réinterroger les liens entre production,
    consommation et ressources et d’imaginer de nouveaux modèles de développement.
  • Axe 4. Logistique urbaine et évolution des pratiques commerciales
    La question commerciale est profondément renouvelée par l’essor du commerce électronique. Celui-ci génère des perturbations importantes sur le secteur : localisation des commerces dans les villes, croissance de la logistique, etc. Quels sont les effets sur les flux et sur les lieux du commerce du développement exponentiel du e-commerce ? La question n’est pas nouvelle mais elle semble encore
    relativement peu documentée. Les travaux d’Alain Rallet menés au début des années 2000 sont précurseurs en la matière et ils permettent d’identifier les questions posées par ce bouleversement. Mais les statistiques sectorielles semblent encore bien insuffisantes pour saisir les dynamiques à l’œuvre à l’échelle des
    territoires. Alain Rallet identifiait trois scenarii : un renforcement de la périphérie et un dépérissement des centres villes ; un centre renforcé et une dissémination des zones commerciales périphériques ; un nouveau maillage territorial et un dépassement du schéma centre/périphérie. Que peut-on dire aujourd’hui ? De quelle manière la question commerciale se trouve-t-elle renouvelée ? Comment « réconcilier » territoires d’approvisionnement et territoires de consommation ? En quoi le retour d’un certain type de production en ville est-il susceptible de favoriser le maintien d’une activité commerciale ?
  • Axe 5. La ville des travailleurs et des travailleuses
    Penser la ville productive suppose, c’est en tous cas notre postulat, un renversement de perspective. La ville est généralement pensée depuis l’habitat, voire uniquement le logement. Or, de nombreux constats amènent à faire évoluer cette représentation : la multiplication des lieux où les citadins travaillent, la plus
    grande hybridation entre vie personnelle et vie professionnelle, la volonté de relocalisation d’une partie de la production, le besoin de concevoir une ville pour ses travailleur.se.s et non exclusivement pour ses habitant.e.s... Et si on repensait la ville depuis celles et ceux qui y travaillent ? Tel est l’enjeu de cet axe de recherche exploratoire volontairement très ouvert."

COMPOSITION DE L’ÉQUIPE ET DURÉE DU PROJET

"Cette consultation s’adresse à des équipes de recherche quel que soit leur statut. Partant de l’état des connaissances actuelles, il s’agira sur une base problématique claire de proposer des hypothèses à tester et de justifier la méthodologie retenue. Chaque équipe situera sa proposition selon l’un (ou plusieurs) des axes de recherche présentés dans cet appel à propositions. Les projets proposés peuvent être portés par des structures publiques de recherche (laboratoires, universités, autres établissements publics à caractère scientifique, CNRS, écoles d’architecture, etc.) ou par des structures privées (bureaux d’études dotés de compétences en recherche, etc.). Le PUCA ne prend pas en charge les salaires des membres statutaires de l’équipe (enseignants chercheurs). L’équipe peut être internationale mais la structure porteuse du projet (gestionnaire de la subvention) doit être française pour des raisons administratives.
Le projet peut être d’une durée comprise entre 12 mois et 30 mois, le budget sera en adéquation avec le temps investi et le nombre de personnes effectivement impliquées."

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite de soumission : le 31 août 2020.

Adresse d’envoi et informations : bertrand.vallet@developpement-durable.gouv.fr

Modalités : récapitulatif et descriptif de la proposition en 5 exemplaires papier + 1 envoi électronique (voir annexe)

Appel à projets de recherche